Proposé dans le cadre de la saison de l'Opéra de Lyon, The Pajama Game est joué devant un public venu en masse au Théâtre de la Renaissance d'Oullins, qui borde, côté sud, l'ancienne capitale des Gaules. Et il s'agit bien d'une véritable renaissance pour ce spectacle, dont la première avait été donnée ici-même en décembre 2019, et qui n'a été que très peu joué depuis, empêché par la crise sanitaire. Dommage, car la comédie musicale de Richard Adler et Jerry Ross pour la musique, sur un livret de George Abbott et Richard Bissell, créée en 1954 au St. James Theatre de New York, est un petit bijou qui remporta un large succès avec mille représentations à Broadway dans la foulée.

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The Pajama Game au Théâtre de la Renaissance
© Cavalca

C'est bien une autre époque qui s'anime sous nos yeux, un temps où la production de textile n'était pas encore délocalisée en Orient, avec cette usine américaine de pyjamas Sleep-Tite, ses ouvrières à la chaîne sur leur machine à coudre, le nouveau directeur d'atelier Sid Sorokin et le directeur général encore plus tyrannique, qu'on ne voit jamais mais qui éructe au travers des haut-parleurs. Déjà la crise tout de même, avec des ventes en perte de vitesse car les garçons dorment de plus en plus en caleçon... Et puis des revendications émises par le syndicat, principalement une demande d'augmentation salariale horaire de 7,5 cents. Représentante de ce Comité Social et Economique, la belle Babe Williams tombe amoureuse du ténébreux Sid, cette idylle constituant l'autre fil rouge de la représentation. Et tout finit bien lorsque Sid met à jour la double comptabilité du patron véreux, celui-ci ne pouvant qu'accepter l'augmentation exigée.

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The Pajama Game au Théâtre de la Renaissance
© Cavalca

Jean Lacornerie et Raphaël Cottin règlent, avec des moyens réduits, une mise en scène très efficace, intelligente, pleine d'énergie et qui enchaîne à vive allure entre les tableaux. Trois musiciens sont placés en fond de plateau sur un petit podium : Gérard Lecointe aux percussions et xylophone, Daniel Romero à la contrebasse et Sébastien Jaudon derrière son piano électrique. Mais ils sont rejoints régulièrement par les chanteurs, également instrumentistes aux violons, saxophone, trompette, flûte, clarinette, accordéon. Cet ensemble, sonorisé tout comme les protagonistes, est très au point techniquement et sonne avec homogénéité. Visuellement, les principaux éléments des décors conçus par Marc Lainé et Stephan Zimmerli sont des portants de pyjamas, propices à des jeux de cache-cache récurrents, ainsi qu'une cloison descendue à vue pour figurer le bureau du directeur, ou encore la cuisine dans l'appartement de Sid.

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The Pajama Game au Théâtre de la Renaissance
© Cavalca

Formant la même équipe que lors de la création fin 2019, tous les solistes mettent du cœur, de l'énergie et de l'esprit dans leur jeu, les textes étant dits en français et les airs chantés en anglais. En plus de chanter, réciter et jouer la musique, ils dansent également quelques pas joyeusement chorégraphiés. En tête de distribution dans le rôle le plus sollicité de Sid, Vincent Heden déroule sa voix assurée au long de ses airs charmants, souvent à destination de Dalia Constantin (Babe) qui a des petits airs de l'actrice Karine Viard, à l'humour pince-sans-rire très drôle. Mais tous les protagonistes seraient à citer, tant ils caractérisent idéalement les personnages !

Les deux heures sans entracte de la représentation passent comme un charme et on espère que cette réjouissante production sera vue par le plus grand nombre lors de sa tournée programmée dans différents théâtres. Formons des vœux, à l'orée de 2022, pour que ce satané Covid-19 nous laisse enfin tranquilles, et qu'il n'aille pas jusqu'à gâcher nos soirées Pajama !

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