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Hulda, reine islandaise à faire fondre aux Champs-Elysées

Hulda, reine islandaise à faire fondre aux Champs-Elysées

Les mélomanes curieux se précipitent tous pour répondre à l’invitation de la Fondation Bru Zane à découvrir des opéras inconnus. 2022, César Franck en majesté occupe le Théâtre des Champs-Elysées avec sa reine Hulda sortie des glaces. Explication…

Hulda (Jennifer Holloway,  Gergely Madaras)  © Anthony Dehez / OPRL

Comme un jubilé de reine, l’événement annoncé de la saison a enfin eu lieu avec une représentation royale aux Champs-Elysées, ce mercredi 1er juin 2022. Dans le cadre du Festival Palazzetto Bru Zane à Paris et du bicentenaire César Franck de l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège, le Théâtre de la rue Montaigne a accueilli Hulda. Après Liège et Namur, la reine islandaise est sortie de sa longue hibernation grâce aux talents conjugués des artistes et des différentes institutions qui ont sorti les feux de la passion pour que l’on redécouvre cet opéra oublié, le seul  jamais achevé par le compositeur belgo-français.

Libérée, délivrée, retrouvée…

Hulda (Judith van Wanroij, Edgaras Montvidas, Jennifer Holloway, Gergely Madaras)  © Anthony Dehez / OPRL

De passion, il en est bien évidemment question dans cette œuvre XIXe siècle qui connut une création posthume à l’Opéra de Monte-Carlo, en mars 1894. Même si le livret de Charles Grandmougin (d’après Hulda la boiteuse, drame du norvégien Björnstjerne Björnson, prix Nobel de littérature 1903) n’est pas un chef-d’œuvre de style, l’histoire se suit avec intérêt et même une certaine appétence. Les héroïnes vengeresses telles Médée, Brünnhilde ou Elektra inspirant rarement l’ennui, le personnage d’Hulda est lui aussi particulièrement captivant. Dans le rôle d’une femme kidnappée, amoureuse malgré tout, trompée puis suicidaire, la soprano Jennifer Holloway trouve les expressions justes et incarne son personnage en lui donnant vie au-delà de la version de concert. La mise en scène semble superflue pour cette artiste qui se consume avec des moyens vocaux au service d’une partition exigeante. Avec une large palette, la soprano compense un timbre commun et une diction perfectible avec une conduite vocale irréprochable faisant sonner les graves et briller les aigus. Ses partenaires qu’il serait juste de tous nommer, ont été choisis avec soin et forment une excellente troupe, investie elle aussi dans la pleine réussite du projet.

Souvent homme varie, bien fol est qui s’y fie !

Hulda © Anthony Dehez / OPRL

Il est heureux de retrouver Matthieu Lécroart dont le baryton est avantageusement utilisé dans le rôle du méchant Gudleik terrassé en duel par Eiolf, l’amant falot. Le vaillant ténor Edgaras Montvidas prête ses traits et son ardeur vocale au personnage avec une psychologie moins bien dessinée. Difficile en effet de comprendre pourquoi le mari d’Hulda se laisse aussi facilement convaincre par son ancienne maîtresse Swanhilde qu’en fait, il n’aime qu’elle et pas l’autre ! Dans ce rôle, Judith van Wanroij développe bien des charmes et une intelligence du texte qui rend crédible son personnage notamment dans un duo magnifique, l’un des grands temps-forts de la soirée. Gudrun est un rôle trop court où excelle Véronique Gens, magnifique comme toujours. La palme revient cependant à l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège et au Chœur de Chambre de Namur (digne d’éloge) dirigés avec hédonisme par Gergely Madaras. Le jeune chef hongrois confirme son amour d’un son franc et généreux qui convient à cet opéra étonnant. César Franck est un compositeur à part et son Hulda confirme qu’il est inclassable. Un premier duo poignant rappelle Tristan und Isolde (bien que Franck n'ait jamais assisté à une représentation de l’opéra de Wagner) tandis qu’un ballet typiquement opéra français suscite un ennui poli. La Fondation Bru Zane et l’OPRL ayant opté pour une version intégrale de l’œuvre, il sera opportun d’écouter le disque annoncé pour se laisser une fois de plus porter par les volutes de cette vaste symphonie lyrique (comme l’annonce le programme de salle). Après Liège et Namur, Hulda, passionnante reine d’Islande a conquis le public parisien en brisant la glace.

A noter, le rare Phrynée de Saint-Saëns sera donnée le 11 juin 2 autre salle habituée au belles redécouvertes.

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