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Les limites du « système » Tcherniakov

München
Nationaltheater
06/05/2023 -  et 8, 11* juin 2023
Francis Poulenc : Dialogues des carmélites
Ermonela Jaho (Blanche de la Force), Anna Caterina Antonacci (Madame de Croissy), Véronique Gens (Madame Lidoine), Stéphanie d’Oustrac (Mère Marie), Emily Pogorelc (Sœur Constance), Daria Proszek (Mère Jeanne), Emily Sierra (Sœur Mathilde), Jochen Schmeckenbecher (Marquis de la Force), Evan LeRoy Johnson (Chevalier de la Force), Kevin Conners (L’aumônier), Aleksey Kursanov (Premier commissaire), Andrew Hamilton (Second commissaire), Christian Rieger (L’officier), Sean Michael Plumb (Le geôlier), Gabriel Rollinson (Thierry)
Chor der Bayerischen Staatsoper, Johannes Knecht (chef de chœur), Bayerisches Staatsorchester, Johannes Debus (direction musicale)
Dmitri Tcherniakov (mise en scène), Mathias Fischer‑Dieskau (décors), Andrea Schönhofer (dramaturgie), Elena Zaytseva (costumes), Gleb Filshtinsky (lumières)


Plusieurs metteurs en scène ont une approche distinctive : par exemple, Robert Wilson adopte une utilisation spécifique de jeux de lumière et un certain hiératisme, tandis que Frank Castorf favorise la vidéo live. De même, Dmitri Tcherniakov est connu pour son insistance à détourner systématiquement le sujet des opéras. Max tirera ainsi vraiment sur Agathe dans le Freischütz, tandis que Don José et Carmen sont en thérapie et que le Hollandais volant vient venger sa famille... La direction d’acteurs et la subtilité de la relecture peuvent être de grande qualité, comme c’était le cas à Berlin pour Parsifal ou à Munich il y a quelques mois pour Guerre et Paix de Prokofiev.


Mais quand cela ne marche pas et quand il s’agit d’une reprise où l’on peut douter que Tcherniakov soit revenu, cela ne marche vraiment pas. Comme le mentionnait déjà ConcertoNet lors de la première en 2010 : l’action ne se passe pas lors de la Révolution française, Blanche n’entre pas au carmel et elle sauve à la fin les religieuses qui n’en sont pas de quelque chose que l’on ne comprend pas... L’action se déroule la plupart du temps dans une petite cabane transparente, ce qui réduit la capacité des chanteurs à s’exprimer et à communiquer avec le public. Et à côté de cela, la première scène, qui montre Blanche un peu étouffée dans une foule qui l’ignore, ou la lecture de la condamnation à mort sont des moments théâtraux réussis, bien trop rares et sans continuité alors que le livret de Bernanos est un modèle de structure tout comme c’est le cas pour Wozzeck ou Le Chevalier à la rose.


La partie musicale n’est pas non plus sans problèmes. La mise en place qu’obtient le Canadien Johannes Debus est de grand niveau et l’orchestre est très dynamique mais il s’agit d’une musique de Poulenc et non de Richard Strauss, voire de Tchaïkovski. Les couleurs flamboyantes de l’orchestre ne sont simplement pas à leur place, la fosse brillantissime couvre trop souvent la scène. Tout ceci affecte une distribution qui, sur le papier, est du niveau que l’on attend du Bayerische Staatsoper. Ermonela Jaho a bien évidemment des notes aiguës piano fabuleuses et son engagement scénique est réel mais elle est perdue sur cette scène ou couverte par l’orchestre, le médium ne passe pas et la ligne de chant se perd. Anna Caterina Antonacci reste une grande tragédienne mais la technique vocale n’est peut‑être plus là. Cependant, à leurs côtés, Stéphanie d’Oustrac et Véronique Gens ont toutes deux une réelle présence ainsi que l’autorité et les moyens que demandent leurs rôles.


La saison prochaine nous donnera une nouvelle production de Pelléas et Mélisande, donnée non pas au Staatsoper mais dans la salle plus intimiste du Prinzregententheater. Espérons que les mêmes erreurs ne se répéteront pas. Dans l’immédiat, le DVD de la représentation, moderne et musicale, de ce chef‑d’œuvre donnée à la Scala de Milan par le tandem Robert Carsen/Riccardo Muti peut être recommandé.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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