La saison à l'Opéra de Nice s'ouvre avec "Lakmé" de Leo Delibes

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Le public niçois est heureux de retrouver Lakmé, une partition qui séduit toujours par la beauté des mélodies, des airs et par le dépaysement de l'intrigue.

La mise en scène de Laurent Pelly, reprise par Luc Birraux, extrêmement dépouillée, se met au service de l'opéra. Pas de folklore, de temples ou de costumes kitsch. On est juste élevé par la magie de la musique et du chant. L'Inde rêvée est davantage un spectacle inspiré du théâtre Kabuki. Les costumes sont blancs, les visages sont poudrés de blanc. Pour les Anglais les costumes sont gris foncé. 

Pour tout décor : des voiles blancs transparents découpés, de tailles différentes, sont déplacés selon les besoins de l'action. Un énorme disque orangé pour la pleine lune. Un marché imaginaire composé de quelques boutiques éclairées de l'intérieur et mobiles. Une énorme cage formée de cordages noués pour protéger Lakmé du monde extérieur. Les éclairages sont superbes et subtils. Nous entrons dans l'opéra comme on lirait un livre de contes et de légendes.

Lakmé est le portrait d'une femme remarquable. La pureté de son amour impossible, le sacrifice ultime de sa vie, est ce qui émeut et nous relie au destin de la fille des Brahmanes.

Kathryn Lewek était prodigieuse dans le rôle de Lucia di Lammermoor (en février 2023). Elle interprète pour la première fois le rôle de Lakmé, le miracle se reproduit. L’approche subtile, humble et extrêmement sensible qu’elle incarne dans le rôle de Lakmé est poignante et met en valeur la beauté limpide de la musique.  Sa diction en français est parfaite, chaque mot est articulé. La voix est sublime, à la fois cristalline, précise, aérienne et profonde. Il faut beaucoup d’endurance pour garder le cap sur les notes aiguës, mais on ne remarque à aucun moment l'effort. 

Le ténor Thomas Bettinger compose un Gérald passionné avec un beau timbre vaillant. Jean-Luc Ballestra campe le rôle de Nilakantha le père de Lakmé. Il a une belle ampleur vocale et passe avec facilité de la tessiture de baryton à celle de basse. Majdouline Zerari est une Mallika en parfaite symbiose avec Kathryn Lewek dans "le duo des fleurs", Carl Ghazarossian est un Hadji merveilleux de subtilité et Svetlana Lifar assure le rôle de Mrs. Benton avec brio.

Le chœur et l'Orchestre Philharmonique de Nice sont excellents. Le chef d'orchestre canadien Jacques Lacombe est un spécialiste de la musique française. Il communique l'esprit des œuvres avec aisance.

Carlo Schreiber

Nice, Opéra, 1er Octobre 2023

Crédits photographiques : Dominique Jaussein

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