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Œdipe, œuvre complexe

Bucharest
Opéra
09/26/2013 -  
Georges Enesco : Œdipe
Stefan Ignat (Œdipe), Horia Sandu (Tirésias), Vicentiu Taranu (Créon), Liviu Indricau (Le Berger), Marius Bolos (Le Grand Prêtre), Octavian Dumitru (Phorbas), Minhea Lamatic (Le Veilleur) Serban Vasile (Thésée), Hector Lopez (Laïos), Oana Andra (Jocaste), Andrada Iona Rusu (La Sphinge), Simona Neagu (Antigone), Antonela Barnat (Mérope), Zoica Sohterus (Une femme thébaine)
Corul Operei Nationale Bucuresti, Smaranda Morgovan (préparation), Orchestra Operei Nationale Bucuresti, Adrian Morar (direction musicale)
Anda Tabacaru-Hogea (mise en scène), Viorica Petrovici (décors et costumes), Razvan Mazilu (chorégraphie)





L’édition 2013 du Festival Georges Enesco de Bucarest s’est achevée par une représentation d’Œdipe, le seul ouvrage lyrique du célèbre virtuose et compositeur roumain, un opus qui l’a occupé pendant plus de vingt ans. La partition (plus de trois heures de musique) a été exécutée dans sa version originale française, aussi convient-il de saluer ici l’énorme travail consenti tant par les choristes que par les chanteurs, tous roumains. Le pari était risqué, et même s’il n’a pas été entièrement gagné, la soirée laissant globalement des impressions plutôt mitigées, il n’a pas entamé le plaisir, chez la plupart des spectateurs, de découvrir une œuvre si singulière et complexe. Pour l’auditeur francophone, le plus déroutant aura été d’entendre sur scène un sabir exotique au lieu de la langue de Molière, ce qui est plutôt gênant pour une œuvre dans laquelle la déclamation est primordiale, réduisant ainsi d’autant la portée du livret d’Edmond Fleg. De surcroît, il a fallu attendre la deuxième partie de la soirée (dès le troisième acte) pour que le spectacle prenne véritablement son envol. En début de représentation en effet, des coupures de courant ont plongé la scène et la fosse dans le noir et fait se rallumer les lumières dans la salle. Le chef a dû interrompre le spectacle, ce qui a visiblement eu pour effet de déstabiliser tous les participants.


La distribution était composée essentiellement de chanteurs plutôt jeunes. Le baryton Stefan Ignat a la vaillance et l’endurance nécessaires pour le rôle écrasant d’Œdipe, avec ses longs monologues ; sa projection limitée, sans accents d’airain, a donné au personnage une dimension profondément fragile et humaine. On retiendra aussi le Tirésias à la voix sépulcrale d’Horia Sandu, dont la prophétie s’est révélée un des moments forts de la soirée, sans oublier la Sphinge impressionnante d’Andrada Iona Rusu ni l’Antigone émouvante de Simona Neagu.


La production est à l’affiche de l’Opéra de Bucarest depuis septembre 2011. Très statique, elle fait de l’ouvrage davantage un oratorio scénique qu’un opéra à proprement parler, ce qui correspond d’ailleurs à une certaine idée qu’on se fait de la tragédie antique. Malheureusement, le côté un peu empesé a pris le pas sur la tension dramatique, ce qui s’est aussi reflété dans la fosse, où les musiciens, très jeunes pour la plupart, ont peiné à enflammer la musique d’Enesco. Cà et là on a pu néanmoins percevoir les couleurs et les inventions harmoniques du compositeur.



Claudio Poloni

 

 

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