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Critique

Une « Flûte » à trous à l'Opéra de Paris

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Par Philippe Venturini

Publié le 13 mars 2014 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Les esprits chagrins diront que Robert Carsen a transformé la scène de l'Opéra Bastille en terrain de jeux avec de gros trous. A moins qu'il ne s'agisse d'un cimetière et de tombes fraîchement creusées... Nous n'en saurons pas davantage durant la première partie de l'opéra. En plus de ce vert gazon qui envahit le sol et entoure la bien nommée fosse d'orchestre, la projection en grand format d'images de forêt constitue le seul élément décoratif.

Les personnages de « La Flûte enchantée » évoluent ainsi dans un environnement sylvestre, sobrement vêtus de noir ou de blanc, à l'exception de l'oiseleur Papageno aux allures de randonneur fatigué, glacière à la main. Tamino découvre le portrait, de Pamina, il l'aime aussitôt. La Reine de la Nuit, mère de la jeune fille, lui donne une arme, la fameuse flûte, pour aller la délivrer du terrible Sarastro. Tout est clair, sobre, facile à comprendre... et fort bien chanté, mais à la limite de l'ennui.

La direction de Philippe Jordan n'est pas étrangère à cette impression : s'il soigne les phrasés, s'inquiète du galbe des lignes et du dosage des couleurs, il refuse les attaques, dès le premier accord de l'ouverture (comment peut-on supporter des coups de timbales aussi flasques ?), et les situations conflictuelles (l'arrivée de la Reine de la Nuit avec ses violons syncopés).

L'entracte passé, le spectacle prend heureusement une autre dimension et le métier, formidable, de Robert Carsen devient vraie mise en scène. Les personnages se retrouvent dans un monde souterrain auquel ils accèdent par les mystérieuses ouvertures découvertes auparavant : une nécropole jonchée de cercueils où les jeunes gens vont éprouver leur amour.

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Superbe équipe vocale

Robert Carsen, avec la complicité de son équipe, séduit à nouveau par la beauté plastique de son travail, mais il convainc surtout par l'acuité de sa lecture. A la traditionnelle opposition noir contre blanc, Reine de la Nuit contre Sarastro, il préfère une union des forces pour mieux goûter le précieux cadeau de la vie et réunit tous les participants dans une réconciliation générale auréolée d'un blanc immaculé.

Philippe Jordan trouve alors des tempos parfaits et suit avec générosité une superbe équipe vocale. Le Tamino aérien de Pavol Breslik, le Papageno truculent de Daniel Schmutzhard, la tendre Pamina de Julia Kleiter et la Reine de la Nuit lumineuse de Sabine Devieilhe. Malgré ses trous, cette « Flûte » finit par enchanter, à l'arraché.

Philippe Venturini

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