Lucia di Lammermoor à la Bayerische Staatsoper de Munich

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La célèbre et tragique histoire d'amour entre deux adolescents issus de familles rivales est un sujet régulièrement abordé dans l'ensemble de la littérature et des intrigues d'opéra. La jeune metteure en scène polonaise Barbara Wysocka est à la tête de cette nouvelle production du chef-d'œuvre de Gaetano Donizetti, Lucia di Lammermoor, présentée par la Bayerische Staatsoper de Munich en ce début de mois de février, et reprise en juillet prochain à l'occasion du festival de la maison bavaroise.

L'histoire, qui se déroule originalement à l'époque médiévale, est ici transposée dans les Etats-Unis des années 60, ponctuée de quelques références à de célèbres films hollywoodiens. Le décor confié à Barbara Hanicka laisse place au gigantesque hall d'un ancien et somptueux palace désormais en ruines, s'adaptant intelligemment au déroulement de l'intrigue tout au long de la soirée. Il n'y a donc aucune interruption dans l'enchainement des scènes qui se succèdent avec fluidité.

La direction d'acteurs manque cependant d'un concept concret et de variété : ils ne font que courir en tous sens, armés de révolvers, ou fument nerveusement des cigarettes. Néanmoins, la tragédie n'en est pas moins prenante, notamment grâce aux formidables capacités dramatiques amenées par les chanteurs dans leur interprétation. Diana Damrau présente Lucia en adolescente romantique, emprisonnée par son frère, le brutal Enrico -- campé par un Luca Salsi sans couleurs. Sa chute dans une profonde dépression après avoir trahi celui qu'elle aime, Edgardo, est le fil conducteur de la soirée. La voix sensible et dramatique de Diana Damrau monte dans les coloratures avec douceur et redescend avec facilité vers les abîmes de sa détresse mentale.

Pavol Breslik est tout aussi convaincant dans le rôle du jeune et rebel Edgardo, qui n'est pas sans nous rappeler James Dean dans Géant ou encore Léonardo Di Caprio. Beau et séduisant, sa voix de ténor apporte des couleurs romantiques et des legato parfaitement exécutés, sûr dans les notes hautes, il livre une splendide performance d'acteur. Georg Zeppenfeld fait de son Raimondo la figure centrale de l'intrigue et domine le plateau vocal de sa basse puissante et expressive.

La direction du chef Kyrill Petrenko s'avère intéressante dans la fosse : son Donizetti est limpide, la clareté de la séparation des instrument crée un doux tapis sonore, une aide toute particulière pour les chanteurs ainsi que pour le choeur, qui s'avère être encore une fois brillant, superbement préparé par Stellario Fagone.

De longs applaudissements retentissent en fin de soirée, ainsi qu'une standing ovation pour Diana Damrau et Pavol Breslik.

Helmut Pitsch

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