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CRITIQUES DE CONCERTS 23 avril 2024

Nouvelle production de Lulu de Berg dans une mise en scène de Dmitri Tcherniakov et sous la direction de Kirill Petrenko à l’Opéra de Munich.

Une Lulu bourgeoise
© Wilfried Hösl

Peu après un Parsifal berlinois où l’absence de mysticisme avait atténué la force de la pièce, Dmitri Tcherniakov s’attaque à Lulu à l’Opéra de Munich en intellectualisant le propos, et prend une nouvelle fois le risque de passer à côté de l’œuvre. Malgré une distribution engagée, la direction sans nerf de Kirill Petrenko ne parvient pas à exalter la soirée.
 

Nationaltheater, MĂĽnchen
Le 06/06/2015
Vincent GUILLEMIN
 



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  • Auteur d’une production remarquĂ©e de Wozzeck au BolshoĂŻ, Dmitri Tcherniakov revient Ă  Berg dans la version en trois actes de Lulu, superbement achevĂ©e par l’Autrichien Friedrich Cerha quarante ans après la mort du compositeur. Cette production devait ĂŞtre l’un des Ă©vĂ©nements de la saison de la Bayerische Staatsoper, et malheureusement, le parti-pris du metteur en scène semble encore une fois passer Ă  cĂ´tĂ© de l’ouvrage concernĂ©, et nous abandonne Ă  un travail dramaturgique rigoureux dans un unique dĂ©cor pour ces trois heures de musique.

    Décor en labyrinthe de verre qui rappelle par son style et les traitements brusques des jeux de néons ceux de Malgorzata Szczesniak pour Krzysztof Warlikowski. Ainsi peut-on se fasciner pour cette Lulu de glace ou pour le jeu central sur des chaises souvent collées afin d’imiter l’habituel canapé présent dans les mises en scène classiques, ou encore la même image revue à trois reprises d’une Lulu jouant sexuellement sur ses proies assises, avant de terminer dans un ultime coup de couteau.

    Ce traitement intellectualiste, destiné à une élite qui peut trouver une finalité dans la réflexion et l’absence d’émotion primaire, se limite pourtant à une faible part du sujet, particulièrement de sa violence et son onirisme, et nous laisse bien loin du traumatisme créé par Calixto Bieito à Bâle en 2009 ou de la rêverie maladive de Warlikowski à Bruxelles.

    Il s’attache à nous montrer une société de bourgeois, d’abord représentée sous forme d’animaux statiques par un chœur de mannequins colorés dans le prologue de la ménagerie, duquel vont s’animer un à un les amants ; puis au final par des ombres cadavériques, lorsque robes et costumes sont tombés pour ne garder que des sous-vêtements gris sur les corps avachis.

    © Wilfried Hösl

    La direction de Kirill Petrenko reste souvent en sourdine dans un travail analytique destiné à mettre en valeur les séries dodécaphoniques plus qu’à porter l’œuvre dans ses penchants sensibles. Le lyrisme marqué devient superbe lorsque l’orchestre joue seul, surtout au Rondo du I, et permet la mise en avant des magnifiques soli, sans pourtant réussir à porter l’action autrement que dans les vingt dernières minutes, lorsque la fosse gagne en ampleur.

    Le tableau du meurtre de Schön est particulièrement caractéristique d’une déconnexion scène-fosse, où l’on croit regarder en haut une pièce de Wedekind tandis que l’orchestre semble jouer en bas du Webern. Là encore, le traitement bourgeois remonte à la surface et il semble qu’on traite Monet au lieu de Soutine, Jules Verne au lieu de Jack London, bien loin des tourments d’Alban Berg et de la pauvreté.

    La distribution rattrape les lacunes grâce à des acteurs impressionnants. Marlis Petersen réalise une superbe prestation. Comme presque toutes les héroïnes de l’opéra depuis Teresa Stratas, elle fait partie des Lulu proches de Donna Anna, alors qu’on pourrait y préférer la puissance d’une femme forte pouvant chanter Senta. C’est donc avec des aigus criés qu’elle tient sa ligne, toutefois mieux que ses concurrentes actuelles Barbara Hannigan ou Patricia Petibon, choisies elles aussi avant tout pour leur physique, penchant d’une époque de l’apparence.

    Bo Shkovus impressionne toujours par l’intelligence des mouvements et semble encore à l’aise vocalement dans le rôle de Schön, et seul son Jack l’Éventreur est quelque peu en retrait, certainement aussi à cause des décibels soudains de l’orchestre. Matthias Klink tient Alwa avec un beau timbre et ne sature comme tant d’autres dans son monologue de la fin du II. Le reste du cast fait ressortir la Comtesse Geschwitz de Daniela Sindram, à la voix étonnamment projetée, et les excellents Schigolch (Pavlo Hunka) et Peintre (Rainer Trost), en plus des très bon chanteurs de la troupe. Malheureusement, il en aurait fallu plus pour magnifier une œuvre aussi puissante et aussi jouée que Lulu.




    Nationaltheater, MĂĽnchen
    Le 06/06/2015
    Vincent GUILLEMIN

    Nouvelle production de Lulu de Berg dans une mise en scène de Dmitri Tcherniakov et sous la direction de Kirill Petrenko à l’Opéra de Munich.
    Alban Berg (1885-1935)
    Lulu, opéra en trois actes (1935)
    Livret du compositeur d’après Erdgeist et Die Büchse der Pandora de Frank Wedekind
    Version en trois actes achevée par Fredrich Cehra

    Bayerisches Staatsorchester
    direction : Kirill Petrenko
    mise en scène & décors : Dmitri Tcherniakov
    costumes : Elena ZaĂŻtseva
    Ă©clairages : Gleb Filshtinski

    Avec :
    Marlin Petersen (Lulu), Daniela Sindram (Gräfin Geschwitz), Bo Skovhus (Dr Schön / Jack the Ripper), Matthias Klink (Alwa), Martin Winkler (Ein Tierbändinger / Der Athlet), Pavlo Hunka (Schigolch), Rainer Trost (Der Maler / Ein Neger), Wolfgang Ablinger Sperrhacke (Der Prinz / Der Kammerdiener / Der Marquis), Rachael Wilson (Eine Theater-Garderobiere / Der Gymnasiast / Ein Groom), Christian Rieger (Der Medizinalrat / Der Bankier / Der Professor), Christoph Stephinger (Der Theaterdirektor), Nicholas Reinke (Der Polizeikomissär), Elsa Benoit (Eine Fünfzehnjährige), Cornelia Wulkopf (Ihre Mutter), Heike Grötzinger (Eine Kunstgewerblerin), John Carpenter (Ein Journalist), Leonard Bernad (Ein Diener).

     


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