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Critique

« Adriana Lecouvreur » en mélo grand luxe à la Bastille

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Par Philippe Venturini

Publié le 25 juin 2015 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

A en croire Voltaire, Amour, Vénus et Melpomène auraient répandu « tous [leurs] trésors sur elle », la faisant ainsi « parfaite » et « des passions [...] l'interprète ». Adrienne Lecouvreur n'est pas seulement l'héroïne de l'opéra de Francesco Cilèa, créé à Milan en 1902 : elle fut avant tout une actrice de la Comédie-Française, disparue prématurément en 1730 à l'âge de trente-huit ans. Ses amours avec le comte de Saxe, contrariées par la jalousie de la princesse de Bouillon, ont inspiré, pour le cinéma, un scénario de parfait mélo interprété, entre autres, par Sarah Bernhardt et Yvonne Printemps.

Comme le grand écran, David McVicar a vu large et a conservé le cadre original, magnifié, comme à l'accoutumée, par le travail de ses collaborateurs. Les décors de Charles Edwards, les costumes de Brigitte Reiffenstuel et les lumières d'Adam Silverman évoquent immanquablement les grâces d'un Watteau, d'un Lancret ou d'un Quentin de La Tour. L'ensemble de cette production, déjà présentée à Londres, à Vienne et à Barcelone, s'organise autour de l'omniprésence du théâtre : celui sur lequel se produit Adrienne, bien sûr, mais aussi celui qu'accueillent la villa de la comédienne Duclos (au luxe peu crédible) à l'acte II et le palais de la princesse de Bouillon à l'acte III. Cette mise en abyme sans doute facile permet néanmoins de suivre une histoire passablement complexe, balisée de quiproquos, de rivalités et de confusions sentimentales. On peut juger ce spectacle un brin trop classique, mais on ne peut qu'admirer sa perfection formelle et son esthétique élégante.

Une partition en Technicolor

On aurait pu en revanche espérer une direction d'acteurs un peu plus précise, susceptible de faire passer Marcelo Alvarez pour un bon comédien. Cela dit, il chante à merveille et illumine de son timbre radieux Maurice, le comte de Saxe amoureux d'Adrienne. Vedette de la soirée, Angela Gheorghiu semble un peu perdue dans la grande nef de la Bastille. Si sa voix a conservé ses couleurs de tragédienne, la ligne se montre parfois maniérée et la puissance fait défaut.

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Luciana D'Intino campe en revanche une princesse de Bouillon implacable et Alessandro Corbelli couvre de tendresse son Michonnet, le vieux régisseur amoureux d'Adrienne. Daniel Oren dirige avec son énergie et son attention coutumières une partition en Technicolor.

Philipe Venturini

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