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Critique

Norma entre chambre et autel au Théâtre des Champs-Elysées

Par Philippe Venturini

Publié le 14 déc. 2015 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Stéphane Braunschweig n'est certes pas le premier à vouloir signifier les deux mondes, public et privé, entre lesquels évolue la prêtresse gauloise Norma : la guide spirituelle de ses compatriotes asservis par les Romains aime un proconsul ennemi, Pollion, avec qui elle a eu deux enfants. Dans sa mise en scène de l'opéra en deux actes de Bellini (1831) au Théâtre des Champs-Elysées, le directeur du théâtre de la Colline choisit de représenter ce double jeu - cette « double vie » - comme il dit, dans un lieu unique et clos, un bunker qui cache les résistants gaulois, mais ne pourra pas protéger le secret. Adalgise, autre prêtresse dont est désormais épris Pollion, se confie à Norma, qui, après un accès de jalousie et de fureur, décide de se sacrifier sur le bûcher.

Le sacré et l'intime

Le metteur en scène, qui signe aussi les décors comme à son habitude, circonscrit donc l'action dans la grisaille de la prison bétonnée qui laissera cependant apparaître, par un mécanisme pivotant, le lit conjugal surmonté d'une tenture rouge : sont ainsi réunis en un même espace l'autel et la chambre, le sacré et l'intime. Sans être révolutionnaire, le procédé se tient, mais cette observation du huis clos aurait sans doute mérité un regard plus scrutateur, une définition plus nette des personnages, un cadrage plus serré des caractères. Norma et Adalgise, toutes deux (mal) fagotées de la même tunique bleue semblent interchangeables. Et pourquoi demander à Norma de faire sa première apparition les mains dans les poches de son large manteau comme si elle se rendait au café ? Comment dans ces conditions croire à sa majesté et à sa dimension tragique ?

Heureusement, le rôle-titre trouve en Maria Agresta une interprète convaincue au souffle long et au chant subtilement nuancé même si son « Casta Diva » manque un peu d'assurance. C'est à se demander si l'Adalgise de Sonia Ganassi, d'une formidable intensité, partagée entre le devoir et l'amour, ne lui a pas volé la vedette. Le Pollion de Marco Berti restera en revanche désespérément klaxonné et presque toujours trop bas. S'il veille à la continuité du récit et au galbe des phrasés, le chef d'orchestre Riccardo Frizza aurait pu faire davantage rougeoyer les braises du drame.

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La critique de « La Cerisaie » de Tchekhov, mise en scène par tg STAN au Théâtre de la Colline (Festival d'automne) sur lesechos.fr/week-end

Philippe Venturini

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