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L’héroïsme d’Ernani

Toulouse
Théâtre du Capitole
03/10/2017 -  et 12*, 14, 17, 19, 21 mars 2017
Giuseppe Verdi : Ernani
Alfred Kim (Ernani), Vitaliy Bilyy (Don Carlo), Michele Pertusi (Don Ruy Gomez de Silva), Tamara Wilson (Elvira), Paulina González (Giovanna), Jesús Alvarez (Don Riccardo), Viktor Ryauzov (Jago)
Chœur du Capitole, Alfonso Caiani (chef de chœur), Orchestre national du Capitole, Evan Rogister (direction musicale)
Brigitte Jaques-Wajeman (mise en scène), Sophie Mayer (collaboration artistique et mouvements scéniques), Emmanuel Peduzzi (décors et costumes), Jean Kalman (lumières)


A. Kim, T. Wilson (© Patrice Nin)


Tirant parti de la nouvelle production d’Ernani présentée par le Théâtre du Capitole de Toulouse, l’institution occitane s’est associée à L’Avant-Scène Opéra pour la publication du programme de salle, de fait substantiel, avec une nouvelle traduction commandée à Olivier Rouvière du premier livret – et loin d’être le meilleur – rédigé par Piave pour Verdi: la relative rareté de l’ouvrage – le cinquième du compositeur – sur les scènes fait de ce retour un moment significatif de la saison.


Adaptation de la pièce homonyme de Hugo que l’on considère parfois comme «Le Cid des romantiques» en raison de son dramatisme héroïque et épique, l’opéra de Verdi ne se montre pas avare de grands sentiments sur fond d’exotisme historique à même de laisser passer la censure le sombre tableau du pouvoir monarchique qui y est présenté. Au demeurant, la prise en charge de la situation temporelle revient essentiellement aux costumes dessinés par Emmanuel Peduzzi, tandis que les décors, également conçus par ce dernier, privilégient, avec leurs tonalités fauves, sinon enflammées, et rehaussées par les lumières de Jean Kalman, une économie visuelle qui se fait écrin à l’expression des puissants archétypes, sentimentaux et politiques, du drame. La mise en scène de Brigitte Jaques-Wajeman, épurée avec une intelligente modération, s’attache d’abord à faire ressortir l’intensité passionnelle qui meut les personnages, en évitant de se laisser piéger par les traditions stéréotypées de la direction d’acteurs – sans doute la collaboration artistique de Sophie Mayer va-t-elle en ce sens.


Les exigences vocales de la partition ne sont pas ignorées par la distribution réunie. Dans le rôle-titre, Alfred Kim, déjà entendu sur le plateau capitolin dans Turandot en 2015, affirme une impétuosité audible mais maîtrisée, perceptible dans une émission vigoureuse et un éclat sans faiblesse. Son premier rival, l’impérial Don Carlo de Vitaliy Bilyy, fait montre d’une autorité nourrie, quand le second à convoiter le cœur d’Elvira, campée par une Tamara Wilson au fait du langage verdien, Don Ruy Gomez de Silva, exhale une avidité non dénuée de blessures narcissiques par le gosier de Michele Pertusi, que les Toulousains n’avaient pas encore eu l’heur de voir chez eux et dont le legato à peine entamé par la maturation des ans participe de l’émouvante aura de l’incarnation. Les interventions secondaires ne déparent point, de la Giovanna dévolue à Paulina González au Jago de Viktor Ryauzov, en passant par le Don Riccardo confié à Jesús Alvarez. Préparés efficacement par Alonso Caiani, les chœurs assument pleinement leur office. A la tête de l’Orchestre national du Capitole, Evan Rogister ne retient aucunement la puissance de l’inspiration musicale, sans risquer de couvrir des solistes aux ressources sonores équivalentes.



Gilles Charlassier

 

 

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