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Le respect du livret et de la musique

Liège
Opéra royal de Wallonie
10/19/2018 -  et 21*, 23, 25, 27 octobre (Liège), 7 novembre (Charleroi) 2018
Domenico Cimarosa: Il matrimonio segreto
Céline Mellon (Carolina), Matteo Falcier (Paolino), Mario Cassi (Il Conte Robinson), Sophie Junker (Elisetta), Annunziata Vestri (Fidalma), Patrick Delcour (Il Signor Geronimo)
Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie-Liège, Ayrton Desimpeleare (direction)
Stefano Mazzonis di Pralafera (mise en scène), Jean-Guy Lecat (décors), Fernand Ruiz (costumes), Franco Marri (lumières)


(© Opéra royal de Wallonie-Liège)


La saison à l’Opéra royal de Wallonie débute avec trois reprises. Après Le Trouvère en septembre et avant Tosca en novembre, revoici, dix ans plus tard, Le Mariage secret (1792) de Cimarosa. Stefano Mazzonis di Pralafera revendique comme d’habitude le respect du livret et de la musique, et il ne faut donc pas s’attendre à ce que Romeo Castellucci mette un jour un opéra en scène dans ce théâtre. L’intrigue se déroule donc dans un décor et avec des costumes élaborés dans le style du XVIIIe siècle. Les spectacles imaginés par le directeur général et artistique ne constituent habituellement pas des modèles de profondeur et de bon goût, mais celui-ci se révèle assez convenable, bien qu’il ne se maintienne pas toujours à un rythme élevé. La direction d’acteur confère toutefois assez de relief aux personnages et se concentre plutôt bien sur leur caractère, pour un résultat, certes, peu original, mais plaisant. Mais à cause de cette conception esthétique et théâtrale, cette production ne restitue que partiellement la fraîcheur et la nature subversive de cette pièce qui se moque allègrement de la bourgeoisie et de l’aristocratie. Et Stefano Mazzonis di Pralafera ne peut s’empêcher de commettre des maladresses et de vouloir mettre le public dans sa poche, lorsque Geronimo et quelques autres dévoilent à la fin, sous leur robe de chambre, des maillots du Standard arborant le logo d’un câblo-opérateur belge – quelle pitié...


Les chanteurs évoluent dans l’esprit du genre, mais les prestations procurent vocalement peu d’enthousiasme. La distribution, qui ne comporte quasiment aucune voix d’une beauté renversante, tire surtout sa force de sa cohésion et de son homogénéité. Nous imaginons sans peine ce que des chanteurs de plus grande classe et maîtrisant à la perfection le répertoire mozartien et rossinien accompliraient dans cette œuvre, en termes de virtuosité et de clarté de phrasé, notamment. Il n’empêche que le rôle de Carolina convient bien aux possibilités de Céline Mellon, soprano à la voix piquante et agile. Matteo Falcier possède un talent non négligeable pour la comédie, mais le ténor se montre trop insatisfaisant – la voix ne séduit guère, le chant manque de raffinement. Le rôle de Paolino ne révèle pas vraiment le potentiel de cet artiste qui n’avait jamais chanté auparavant sur cette scène.


Mario Cassi délivre en Comte Robinson un chant aux couleurs ternes, au style sommaire et à l’intonation floue et peu variée. Par conséquent, le baryton ne parvient pas à apporter ce mélange subtil de prestance et de vanité nécessaire pour incarner ce personnage. En revanche, les rôles d’Elisetta et de Fidalma sont adéquatement distribués à Sophie Junker et Annunziata Vestri, qui tiennent leur partie avec conviction en jouant sur la complémentarité de leur voix, l’une plus pincée, l’autre plus corsée. Patrick Delcour accomplit finalement la prestation la plus réjouissante en Geronimo, alors que le baryton belge ne possède pas a priori un profil reconnu de basse bouffe: chantant avec agilité et éloquence, il compose un personnage truculent.


Ayrton Desimpelaere, assistant à la direction musicale depuis deux ans à l’Opéra royal de Wallonie, dirige ici sa première production d’envergure. Le chef se montre soucieux de vigueur et de clarté, mais l’orchestre sonne parfois pesamment, sans toute la finesse et l’éclat attendus. Il faut cependant noter la qualité des bois, le plus souvent précis et expressifs. Hilary Caine assure au clavecin un accompagnement tantôt inventif, tantôt ordinaire, mais elle insuffle suffisamment d’impulsion aux récitatifs. Cette saison, le directeur servira encore à son public deux autres mises en scène de son cru : Aïda en février et mars, puis Anna Bolena en avril. En respectant, bien sûr, le livret et la musique.


Le site de l’Opéra royal de Wallonie



Sébastien Foucart

 

 

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