Michele Pertusi triomphe dans Attila au Théâtre Royal de Parme
Comme toutes les représentations du Festival Verdi de Parme, aujourd'hui dirigé par le rédacteur en chef des Works of Giuseppe VerdiFrancesco Izzo, pas une seule note de la partition n'a été coupée (Attila est représenté ici d’après l'édition critique 2012 d'Helen Greenwald). Le public peut ainsi apprécier les mouvements complets dans leur forme non tronquée. Cette nouvelle production pour le Teatro Regio de Parme met en scène un décor élégant et aride, plongeant au milieu du conflit avec l'espace nécessaire pour la violence mais aussi pour la relation ambivalente entre les protagonistes. La mise en scène de de Rosa, classique dans sa conception, permet aux artistes de s’épanouir dans un mouvement scénique imaginatif.
Maria José Siri, offre dans le rôle d'Odabella l'occasion d'admirer des aigus étincelants et des graves sombres. Son jeu d'actrice correspond parfaitement au registre du rôle : la déclamation de ses premières lignes "Santo di patria indefinito amor" et son éloge des femmes italiennes sont particulièrement bien reçus dans la salle.
Riccardo Zanellato, qui avait habilement pris le rôle d'Attila lors des trois premières représentations, a cédé la place au vétéran Michele Pertusi lors de la dernière soirée. Un double retour assurément mémorable pour Pertusi : retour dans sa ville natale et pour un rôle qui lui sied parfaitement. Malgré ses succès dans des comédies telles que Falstaff et L'Élixir d’amour, son Attila réussit à combiner la violence associée à cette figure mythique avec son attitude hésitante envers Odabella. Il l’illustre au mieux dans son aria du premier acte, "Mentre gonfiarsi l'anima" cédant à la puissance belliqueuse : "Oltre quel limite". Entonné depuis l’avant-scène, accompagné des musiciens du Filarmonica Arturo Toscanini, Pertusi est couronné par une ovation debout et une demande de rappel immédiat -qu'il offre dans un moment inoubliable.
Vladimir Stoyanov prend le rôle d'Ezio, le Général romain constamment en dialogue avec Attila, et fournit un excellent contraste de baryton à la basse de Pertusi. L'habile interprétation de Stoyanov et sa voix -qui n'a pas vraiment l'occasion d'exploiter la brillance de son registre aigu- réussissent à faire sortir ce rôle de l'ombre dans laquelle il est souvent terré : Stoyanov joue un rôle clé, comblant l'écart entre les deux personnages principaux, le reste de la distribution et le chœur.
Attila, si Solera avait terminé le livret (éventuellement complété par Piave), aurait eu encore plus de chœurs, et c'est un autre domaine dans lequel la production est un succès : de grandes masses de sonorités vocales produites par le Choeur du Teatro Regio de Parme sont déployées sur l'ensemble de l'œuvre, produisant des effets étonnants avec et sans les premiers rôles (une grande partie de ce travail choral est facilité par la scénographie et certains costumes discrets mais efficaces d'Alessandro Lai). L'ensemble de la représentation est idéalement rythmé depuis la fosse par Gianluigi Gelmetti, Directeur du Filarmonica Arturo Toscanini de Parme. Cette direction sensible donne le rythme aux récitatifs et la grandeur aux ensembles.
Nonobstant, la fin de l'opéra demeure toujours aussi problématique : de Rosa a choisi de minimiser la violence de l'assassinat d'Attila.