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Anneau symbolique

Liège
Opéra royal de Wallonie
01/23/2019 -  et 25, 27*, 29, 31 janvier, 2 (Liège), 8 (Charleroi) février 2019
Charles Gounod: Faust
Marc Laho (Faust), Anne-Catherine Gillet (Marguerite), Ildebrando d’Arcangelo (Méphistophélès), Lionel Lhote (Valentin), Na’ama Goldman (Siébel), Angelique Noldus (Dame Marthe), Kamil Ben Hsaïn Lachiri (Wagner)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Pierre Iodice (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Patrick Davin (direction)
Stefano Poda (mise en scène, décors, costumes, lumières)


(© Opéra royal de Wallonie)


Pour assister à une nouvelle production à l’Opéra royal de Wallonie, il faut patienter encore un peu. Après trois reprises depuis le début de la saison et, à la fin de l’année dernière, Le Comte Ory créé à l’Opéra-Comique en 2017, voici une autre coproduction, avec le Teatro Regio de Turin, cette fois. Nous connaissions déjà, par le DVD, le Faust (1859) conçu par Stefano Poda et applaudi par les Lausannois en 2016. La représentation de ce dimanche confirme notre jugement : il s’agit d’un spectacle esthétiquement splendide et pensé par le même homme qui règle simultanément, tel un démiurge, la mise en scène, les décors, les costumes et les lumières.


L’inclinaison changeante de cet anneau pivotant produit de beaux effets et de nombreuses configurations scéniques particulièrement intéressantes. Le spectacle impose toutefois une certaine distance émotionnelle, la recherche esthétique prenant le dessus sur la direction d’acteur. Les relations entre les personnages manquent ainsi d’intensité, en particulier dans le duo entre Faust et Marguerite. La psychologie du rôle-titre demeure sommaire, de même que la caractérisation de Méphistophélès – Marguerite et Valentin, en revanche, laissent une impression plus forte. Mais il faut saluer la cohérence du concept, le professionnalisme de l’ensemble, la beauté de la chorégraphie et la précision des déplacements scéniques. Ce spectacle comporte plus de qualités que de défauts, et il vaut mieux se laisser porter par les images plutôt que chercher à décrypter le symbolisme de la mise en scène. Et contrairement à l’impression de notre correspondant de Lausanne, l’anneau ne semble pas se mouvoir à l’étroit sur la scène liégeoise.


L’Opéra royal de Wallonie a le mérite de réunir pour l’occasion une distribution majoritairement belge et francophone. Marc Laho possède un profil vocal adéquat pour le rôle de Faust, qu’il chante avec aisance et rigueur. A cette prestation, qui témoigne d’évidentes affinités avec ce répertoire, il manque juste un soupçon de juvénilité, dans la voix et le tempérament. Il y a deux ans, Ildebrando d’Arcangelo incarnait le diable dans La Damnation de Faust sans marquer les esprits. Le baryton ne séduit guère plus dans Gounod, malgré de solides capacités vocales et de réelles aptitudes scéniques. Mais il faut pour Méphistophélès davantage de charisme, de séduction trouble et d’ambiguïté dans le phrasé, ce qui passe par une véritable conscience de la langue. Le personnage tombe rapidement dans l’oubli une fois le rideau tombé, alors que sa figure doit persister dans la mémoire.


En revanche, Anne-Catherine Gillet compose une magnifique Marguerite, par la beauté du physique, la saveur du timbre et le raffinement de la ligne vocale. La soprano s’illustre également par la souplesse de l’émission et la précision de l’élocution. Lionel Lhote se porte garant de la tradition du chant français : le Valentin de ce grand artiste se révèle juste et impeccable. Les petits rôles sont bien distribués : Na’ama Goldman se distingue en Siebel par son tempérament et sa voix, Angélique Noldus excelle avec classe en Dame Marthe et le jeune Kamil Ben Hsaïn Lachiri se montre pleinement satisfaisant en Wagner. Et n’omettons pas de citer les choristes: préparés à fond par Pierre Iodice, ils se surpassent.


La Belgique peut s’enorgueillir de ses chanteurs, mais elle devrait également afficher sa fierté de disposer d’un chef aussi compétent et fin musicien que Patrick Davin. Attentif à la clarté du propos et à la cohésion du plateau, le chef incite l’orchestre à chanter cette belle et grande partition avec beaucoup d’élégance et de vie et obtient le meilleur des musiciens: les cordes liégeoises phrasent rarement avec tant de netteté.



Sébastien Foucart

 

 

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