Lyrique Un Così fan tutte totalement libéré à l’opéra de Saint-Etienne

Ambiance « flower power », vendredi soir, sur la scène de l’Opéra de Saint-Étienne qui accueille le chef-d’œuvre de Mozart Così fan tutte (traduisez ainsi elles font toutes).
Martine GOUBATIAN - 02 févr. 2019 à 05:01 | mis à jour le 02 févr. 2019 à 09:17 - Temps de lecture :
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Des jeunes filles aux seins nus, un décor de bord de mer, ce Così-là   est original et la transposition fonctionne à merveille.  Photo Fabrice ROURE
Des jeunes filles aux seins nus, un décor de bord de mer, ce Così-là est original et la transposition fonctionne à merveille. Photo Fabrice ROURE

Le metteur en scène Christophe Gayral a planté l’action dans la période post-soixante-huitarde et, dès le lever de rideau, le public est mis dans l’ambiance. Trois hippies dévêtus s’ébattent joyeusement avec une jeune femme totalement libérée, portant un mini-short en jeans.

Polaroid et « peace and love »

Au départ surpris, le public se laisse transporter dans cette époque « peace and love » d’abord par le décor, particulièrement soigné de Mathieu Lorry Dupuy, créé de toutes pièces à Saint-Étienne. On est dans une maison en bord de mer, dans les années 1970. Et puis par les accessoires avec le célèbre Polaroid, dont usent et abusent les protagonistes. Enfin, par les costumes avec les couleurs gaies, les imprimés fleuris de toute cette jeunesse libérée à laquelle vont se frotter deux couples de bourgeois au demeurant forts amoureux. Mais c’est sans compter sur l’intervention de Don Alfonso, joué avec un côté mafieux qui sied au rôle par le baryton basse Laurent Alvaro.

Nos amoureux vont succomber à la tentation et entraîner l’auditoire dans leur délire. Le metteur en scène tire toutes les ficelles de l’opéra-bouffe et les chanteurs, excellents comédiens, s’en donnent à cœur joie. Il faut saluer ici la vraie performance, tant par le jeu que par la voix, de Marc Scoffoni et Marco Ciaponi. On est parfois entre le rire et les larmes entre la bouffonnerie et la poésie et c’est très séduisant. Côté chanteuses là encore, le niveau est élevé. Élodie Hache est toute dans la nuance, un vrai bonheur. La mezzo Marion Lebègue offre elle aussi une belle dimension à son rôle, ainsi que Pauline Courtin qui brosse avec sensualité une Despina coquine à souhait. Toute la distribution choisie par Jean-Louis Pichon, conseiller voix à l’Opéra Stéphanois, est très homogène. Si les chanteurs servent le texte à merveille, ils sont soutenus par la musique qui sous la baguette du chef chilien José Luis Dominguez Mondragon est tout simplement délicieuse. La direction élégante du chef offre une éclatante théâtralité, une belle vivacité.

Le premier acte file à toute allure et si le début du second est plus lent le tableau très Bollywood du pseudo-mariage peint ici façon Katmandou emporte l’adhésion du public.

La transposition engagée par le metteur en scène fonctionne avec jubilation, on passe un excellent moment bercé par la divine écriture d’Amadeus. 

pratique Opéra au Grand théâtre Massenet dimanche, à 15 heures, et mardi, à 20 heures. Tarifs : de 10 à 57 euros. Durée : 3 h 20 environ (entracte compris). Chanté en italien, surtitré en français. Il reste quelques places. Tél. 04.77.47.83.40.

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