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The Puppet Show is back

Lyon
Maison de la danse
03/29/2019 -  et 30, 31* mars, 2, 3 avril 2019
Claudio Monteverdi : Il ritorno d’Ulisse in patria
Alexandre Pradier (Ulisse, L’Humana fragilità), Beth Moxon (Penelope), Emmanuel Heitz (Telemaco, Pisandro), Mattew Buswell (Nettuno, Antinao, Tempo), Beth Taylor (Fortuna, Melanto, Anfinomo), Stephen Mills (Eumete, Giove), Henrike Henoch (Amore, Minerva)
Ricercar Consort, Philippe Pierlot (viole de gambe, direction musicale)
William Kentridge (mise en scène & décors), Adrian Kohler (décors, marionnettes & costumes), Wesley France (lumières), Handspring Puppet Company


(© Jean-Pierre Maurin)


Créé au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles en 1998, le très beau Ritorno d’Ulisse in patria de Monteverdi imaginé par l’homme de théâtre sud-africain William Kentridge – avec le concours de la Handspring Puppet Company du Cap – est repris ces jours-ci à la Maison de la danse de Lyon, dans le cadre du festival de printemps de l’Opéra de Lyon, et après deux spectacles plutôt controversés, L’Enchanteresse de Tchaïkovski et Didon et Enée, remembered d’après Purcell.


A l’époque, l’idée d’associer l’une des plus extraordinaires compagnies de marionnettes au monde et un «baroqueux» comme Philippe Pierlot était un pari risqué, mais plus que tenu vu le succès rencontré par le spectacle, qui aura été accueilli jusqu’en Corée, en passant par Vienne, New York ou encore Postdam. Chroniqué sur notre site lors de sa reprise bruxelloise en 2007, le spectacle reprend la même scénographie constituée d’un amphithéâtre percé dans sa circularité pour permettre aux chanteurs/acteurs de gagner ou de quitter l’espace central. Sur cet amphithéâtre sont installés les chanteurs du Ricercar Consort, l’ensemble qu’a fondé (et que dirige) Philippe Pierlot. En fond de scène, sur le cyclo, se dresse un écran sur lequel est projeté un flux visuel quasi continu, fait d’images liées à la vie biologique, images historiques ou présentant des scènes de la vie quotidienne. Chaque rôle implique trois personnes, constituant un bloc indissociable: la première est fictive (une marionnette à taille quasi humaine); la deuxième est le manipulateur, lequel porte, bien au-delà de sa tête, ladite marionnette; la troisième est le chanteur, lequel, par une fine baguette, fait mouvoir l’un des deux membres supérieurs de sa marionnette (qui l’incarne et qu’il incarne). Le chanteur ne s’exprime pas face à la salle mais dirige son flux sonore vers le visage de la marionnette. Ainsi le spectateur a-t-il la perpétuelle et fascinante impression que la voix sort de la bouche de la marionnette.


Pour que ce dispositif soit compatible avec les aptitudes physiques des manipulateurs qui portent leur marionnette à bout de bras, William Kentridge a imposé au spectacle une durée de une heure trente environ et, en conséquence, a éliminé les deux tiers du texte. En outre, pour des raisons scéniques tenant au faible emplacement réservé à l’ensemble instrumental (limité à sept musiciens), il n’était pas possible que le continuo soit assuré par un instrument à clavier. Aussi Philippe Pierlot a-t-il choisi la nomenclature suivante: quatre gambistes (dont lui-même) et trois musiciens jouant des cordes pincées (guitare, théorbe ou harpe). L’«orchestration» et les liaisons entre les différents fragments choisis dans la partition originelle sont si judicieuses que jamais ne surgit l’impression d’entendre un opéra tronqué et mutilé.


Etre accompagné par un ensemble instrumental aux sonorités aussi douces et mélancoliques, en s’adressant aux marionnettes plus qu’aux spectateurs, contraint les chanteurs à privilégier la déclamation tragique, un art auquel tous les jeunes chanteurs réunis ici, provenant tous de l’Opéra Studio de Lyon, rendent justice. Bien qu’annoncé souffrant, ce qui l’empêchera de trop monter dans l’aigu sans que le timbre ne se voile, le ténor Alexandre Pradier n’en incarne pas moins le rôle-titre avec une belle assurance. Entre virilité rageuse et docilité rédemptrice, son interprétation touche souvent au plus profond de l’âme. Tout aussi désarmante s’avère la Pénélope de la mezzo britannique Beth Moxon: son chant constamment nourri par des graves pénétrants oscille également entre force et fragilité, et ce dès son intense monologue d’entrée. Dans leur sillage, il faut aussi citer le très expressif Telemaco (également Pisandro) du Suisse Emanuel Heitz ou l’imposant Nettuno (également Tempo et Antinao) de Matthew Buswell. On apprécie aussi la malice et le chant délié de Stephen Mills dans le personnage d’Eumete (également Giove), la voix ronde, claire et parfaitement maîtrisée de la soprano hollandaise Henrike Henoch, dans les rôles d’Amore et Minerva, et enfin la couleur chaleureuse et sensuelle de la voix de la mezzo écossaise Beth Taylor, qui interprète tour à tour les personnages de La Fortuna, Melanto et Anfinomo.


Un spectacle d’une rêverie bouleversante que l’on espère revoir un jour!



Emmanuel Andrieu

 

 

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