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CRITIQUES DE CONCERTS 20 avril 2024

Nouvelle production de Don Giovanni de Mozart dans une mise en scène de Marie-Ève Signeyrole et sous la direction de Andreas Spering à l'Opéra national du Rhin.

Le corps défendu
© Klara Beck

Abondance de Mozart ne nuit pas… Après le Don Giovanni insipide signé Ivo van Hove à Garnier, Marie-Ève Signeyrole livre à Strasbourg une version qui présente au moins le mérite d'oser sortir des sentiers battus. Le retrait de Christian Curnyn laisse au chef Andreas Spering les rênes d'un orchestre qui offre à un plateau assez moyen un écrin de premier plan.
 

Opéra du Rhin, Strasbourg
Le 23/06/2019
David VERDIER
 



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  • Le souvenir d'Eva Kleinitz plane sur cette représentation, la veille d'un hommage rendu par l'Opéra du Rhin à sa directrice emportée par la maladie le 30 mai dernier. Au centre de cette production, il y a la notion performance. Avec ce Don Giovanni signé Marie-Ève Signeyrole, le terme prend une acception littérale d'art performatif qui implique directement la notion de corps. Son personnage n'est plus seulement le grand seigneur méchant homme de Molière, mais l'incarnation d'un rapport social du désir et de la séduction.

    L'introduction est jouée rideau levé, montrant le héros assis passivement sur sa chaise, le regard dans le vide, tandis que se succèdent en face de lui plusieurs femmes ; l'une s'ouvrant les veines, l'autre le dévorant de baisers, sans provoquer de réaction. On filme en direct ce que s'apparente à des pièces à conviction, autant d'objets présents dans la narration.

    En parallèle, le spectacle est rendu spectaculaire par son interaction salle-scène, une partie du public présente aux côtés des chanteurs et d'autres personnes tirées au sort pour participer à la soirée sur une scène transformée pour l'occasion en lieu de performance genre théâtre de rue ou plateau télé.

    On évite de peu la trivialité, grâce à l'afflux et à la qualité des références dans lesquelles s'inscrit la narration. On laissera de côté le public interpellé par des comédiens sur le parvis de l’Opéra, ou la séquence où Leporello devenu chauffeur de salle demande aux spectateurs : « Selon vous, Don Juan est-il coupable ? Â»

    Le rapport de prédation est traité sur un plan humoristique, avec cette plaie de Donna Elvira poursuivant de ses assiduités son amant infidèle jusqu'à se venger sur une voiture. On admire les angles et le soin des prises de vue dans les captations en temps réel, qui viennent compléter les références cinématographiques (Kazan, Kubrick) surgissant au fil de la soirée.

    Cependant, l'abondance de bonnes intentions ne saurait faire oublier une ligne générale relativement floue qui peine à agréger tous les détails dans une vision dynamique. Chacun se partage en conclusion le corps de Don Giovanni, à coups de fourchette comme pour mieux célébrer l'idée que le donjuanisme est un concept qu'on s'approprie jusqu'à dévorer le personnage, pourtant mort empoisonné.

    Nikolay Borchev est un Don Giovanni bien charpenté mais le grain de la voix reste relativement neutre et l'émission en retrait. Le Leporello de Michael Nagl est mis en valeur par le rôle de Monsieur Loyal que lui attribue la scénographie. Le timbre mat s'accorde admirablement avec un phrasé au cordeau. Annoncée souffrante, Jeanine De Bique dessine une Donna Anna au milieu de lignes hérissées de trémulations.

    Anaïs Yvoz est une Zerlina pétulante et colorée, à l'inverse du Masetto effacé et terne de Igor Mostovoi. La Donna Elvira de Sophie Marilley ne s'embarrasse pas de détails et sollicite son instrument dans un aigu très tendu. Don Ottavio échappe en grade partie aux moyens déficients d'Alexander Sprague tandis que le Commandeur trouve en Patrick Bolleire un honnête interprète.

    Appelé à la dernière minute pour remplacer Christian Curnyn, Andreas Spering fait mieux que de sauver les meubles, un exploit alors qu'il a rencontré l'orchestre pour la première fois quelques heures avant la représentation. Sa direction met en avant les tempi vifs d'une lecture parfaitement calibrée au drame mozartien.




    Opéra du Rhin, Strasbourg
    Le 23/06/2019
    David VERDIER

    Nouvelle production de Don Giovanni de Mozart dans une mise en scène de Marie-Ève Signeyrole et sous la direction de Andreas Spering à l'Opéra national du Rhin.
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Don Giovanni, dramma giocoso en deux actes (1787)
    Livret de Lorenzo Da Ponte

    Chœur de l’Opéra national du Rhin
    Orchestre philharmonique de Strasbourg
    direction : Andreas Spering
    mise en scène & conception vidéo : Marie-Ève Signeyrole
    cécors : Fabien Teigné
    costumes : Yashi
    éclairages : Nicolas Descoteaux
    vidéo : Yann Philippe
    préparation des chœurs : Christoph Heil

    Avec :
    Nikolay Borchev (Don Giovanni), Michael Nagl (Leporello), Jeanine De Bique (Donna Anna), Sophie Marilley (Donna Elvira), Alexander Sprague (Don Ottavio), Anaïs Yvoz (Zerlina), Igor Mostovoi (Masetto), Patrick Bolleire (le Commandeur).

     


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