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«Les contes d'Hoffmann» ou l'anti «Don Giovanni»

Hoffmann (Jean-François Borras) prisonnier dans sa chambre, tournant comme une cage d'écureuil, dans la vision obsessionnelle de Stefano Poda.

«Une sonnerie stridente et le cri retentissant: «Le spectacle commence!» me réveillèrent du doux sommeil dans lequel j'étais enseveli.» Ainsi commence la nouvelle «Don Juan» d'E.T.A. Hoffmann dans laquelle le narrateur découvre que sa chambre d'hôtel permet d'entrer directement dans une loge du théâtre où l'on donne «Don Giovanni».

Dans «Les contes d'Hoffmann» d'Offenbach, le récit se déroule durant la représentation de l'opéra de Mozart. Et le metteur en scène/décorateur/éclairagiste Stefano Poda, dans sa nouvelle production à l'Opéra de Lausanne, enferme précisément Hoffmann dans cette chambre qui tourne sur elle-même comme le cerveau perturbé du poète. Alors, quand celui-ci sort de sa cage, c'est pour entrer de plain-pied sur la scène où il raconte sa vie de séducteur raté. Et si Don Giovanni avait son catalogue de femmes, Hoffmann, lui, collectionne les objets hétéroclites qui rappellent ses histoires, ses fantasmes. Les murs en sont farcis.

Nicolas Courjal, un diable magistral

Hoffmann échoue là où son double maléfique triomphe, car le diable lui fait croire à la réalité – démultipliée! – de la poupée Olympia (hallucinante Beate Ritter), pousse Antonia (Vannina Santoni, une révélation) à chanter jusqu'à en mourir, convainc la courtisane Giulietta (Géraldine Chauvet) de lui dérober son reflet. Stefano Poda pousse le vice très loin en montrant le diable manipuler La Muse/Nicklausse (Carine Séchaye) que l'on croyait l'alliée d'Hoffmann. Grand, sec, vif et sarcastique, Nicolas Courjal fait un diable magistral à la voix charbonneuse, au charisme ravageur. À l'inverse, l'Hoffmann de Jean-François Borras apparaît maladroit, observateur désemparé de sa déroute, mais il subjugue par son chant radieux et tragique, sa diction nette, son timbre qui dit la confidence, même fortissimo.

Le symbolisme obsessionnel de Stefano Poda peut parfois étouffer la violence des enjeux, comme dans l'acte IV, très abstrait et en panne d'incarnation, ou l'exacerber à son paroxysme, quand la palpitante Antonia se consume dans l'identification à sa mère défunte – et là, l'OCL et Jean-Yves Ossonce fusionnent totalement.