"Don Carlos", en grand et en français
L’Opéra de Flandre l’annonce comme une première en Belgique, c’est oublier la production Pappano-Bondy, donnée en mars 1996 à la Monnaie (en provenance du Châtelet).
- Publié le 10-02-2010 à 04h15
- Mis à jour le 10-02-2010 à 14h19
L’Opéra de Flandre l’annonce comme une première en Belgique, c’est oublier la production Pappano-Bondy, donnée en mars 1996 à la Monnaie (en provenance du Châtelet) Mais il est vrai que la version "grand opéra français" du chef-d’œuvre de Verdi reste rare à l’affiche, et pour cause : par rapport à la version italienne (ultérieure), elle implique un acte de plus - donné en ouverture et révélant les liens unissant Elisabeth de Valois et Don Carlo, fils de Philippe II auquel la jeune Française sera finalement mariée pour des raisons diplomatiques -, quelques passages dont on ne voudrait plus jamais se passer (citons la déploration sur la mort de Posa) et la large part réservée aux ballets (ici "interprétés" par la mise en scène). Historiquement, il s’agit pourtant de la version initiale, créée à l’Opéra de Paris (qui en avait fait la commande) en mars 1867, sur un livret de Joseph Méry et Camille Du Locle, inspiré du drame de Schiller, "Don Carlos, infant d’Espagne". Quinze ans plus tard, fidèle à son précepte, "coupez, coupez, même ce qui est bon", Verdi resserrera la version parisienne - traduite en italien au lendemain de sa création - pour en arriver à une version plus courte qui finit par l’emporter sur l’originale (hélas !).
En 1867, Verdi est au sommet de son art; comme chez lui le musicien et le dramaturge ne font qu’un, il parvient, à travers les liens passionnels tissés entre un père et son fils (Philippe II et l’infant Carlos), deux amants (Carlos et Elisabeth), deux époux (Philippe et Elisabeth), deux outsiders déterminants (Posa, le révolutionnaire, Eboli, la passionara aveuglée), et le redoutable Grand Inquisiteur, agent de l’ultime oppression, à brosser une fresque historique grandiose et poignante.
La production du Vlaamse Opera nous arrive du Wienerstaatsoper (2004). Alexander Joel en signe la direction musicale et l’Allemand Peter Konwitschny, la mise en scène. Dans une récente interview, celui-ci explique que sa lecture met en évidence combien le contexte de la guerre, l’infiltration des enjeux politiques et la pression du pouvoir rendent toute forme de bonheur impossible chez les héros de la pièce, quelles que soient leur sincérité et leur force intérieure. Cette déchirure est à la base de son concept.
Avec Jean-Pierre Furlan (Don Carlos), Susanna Branchini/Karine Babajanyan (Elisabeth), Francesco Ellero d’Artegna (Philippe II), Dario Solari (Posa) et Marianna Tarasova (Eboli), Jaco Huijpen (le Grand Inquisiteur).
Anvers, Vlaamse Opera, 12, 16, 20, 24, 28 février et 3, 7, 10, 13 mars. Info : 070.22.02.02 ou www.vlaamseopera.be