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Babylone, hier comme aujourd’hui

Zurich
Opernhaus
11/03/2019 -  et 6, 9, 15, 17, 21, 23, 30* novembre, 6 décembre 2019
Georg Friedrich Händel : Belshazzar, HWV 61
Mauro Peter (Belshazzar), Evan Hughes (Gobrias), Layla Claire (Nitocris), Jakub Józef Orlinski (Cyrus), Tuva Semmingsen*/James Laing (Daniel), Thomas Erlank, Oleg Davydov, Katia Ledoux (Three Wise Men)
Chor der Oper Zürich, Janko Kastelic (préparation), Orchestra La Scintilla, Laurence Cummings (direction musicale)
Sebastian Baumgarten (mise en scène), Barbara Steiner (décors), Christina Schmitt (costumes), Elfried Roller (lumières), Hannah Dörr (vidéo),Paul Rohlfs (collaboration à la vidéo), Thomas Wilhelm (chorégraphie), Claus Spahn (dramaturgie)


(© Herwig Prammer)


Créé à Londres en 1745, Belshazzar est le sixième oratorio de Georg Friedrich Händel. L’ouvrage marque la dernière collaboration du compositeur avec Charles Jennens, considéré parfois comme le Da Ponte ou le Hofmannsthal du musicien allemand. Le livret est basé sur le chapitre 5 du Livre de Daniel. Belshazzar (Balthasar), roi de Babylone, est un souverain vaniteux qui se prend pour un dieu. Sa conduite impie entraîne la chute de son empire : il est défait par les Perses, qui en profitent pour rendre la liberté aux Hébreux détenus par les Babyloniens. Ce sont sans aucun doute le côté spectaculaire de l’ouvrage et son caractère de grande fresque avec son lot de conflits qui ont incité l’Opernhaus de Zurich à en proposer une représentation scénique ; la réalisation en a été confiée à Sebastian Baumgarten. L’artiste allemand fait de la scène de l’Opernhaus un plateau de cinéma sur lequel le prophète Daniel tourne un film. Sebastian Baumgarten voit un parallèle entre la déchéance de Babylone et l’effondrement récent de régimes au Moyen-Orient, avec de nombreux clins d’œil et allusions (Belshazzar ressemble à s’y méprendre à Saddam Hussein). Il utilise abondamment la vidéo pour illustrer son propos, avec force images de soulèvements populaires et d’interventions de troupes armées, mais aussi de catastrophes naturelles. A l’instar de leur souverain Belshazzar, les Babyloniens sont vêtus de costumes aux riches étoffes bariolées, alors que les guerriers perses sont habillés en gris/noir ; le peuple juif porte, quant à lui, des jeans et des t-shirts ornés de visages, parmi lesquels on reconnaît ou croit reconnaître Marx, Freud ou encore Bernstein ; cet assemblage hétéroclite traduit le caractère intemporel de la production.


La partie musicale tutoie les sommets. A la tête de La Scintilla, la formation sur instruments d’époque de l’Opernhaus, le spécialiste de Händel qu’est Laurence Cummings offre une lecture de la partition qui a de l’ampleur et qui respire, caractérisée par des tempi vifs et une articulation claire, une lecture très contrastée aussi, qui maintient la tension dramatique tout au long des presque trois heures de spectacle. Ardeur et fougue sont les maîtres-mots dans la fosse. Sur scène, le ténor suisse Mauro Peter campe un Belshazzar orgueilleux mais aussi fêtard et souvent ivre, avec une technique irréprochable qui lui permet de faire fi des nombreuses vocalises du rôle. En Nitocris, Layla Claire offre un portrait émouvant d’une souveraine affligée par le comportement peu royal de son fils et impuissante à le raisonner. En Gobrias, serviteur véhément, Evan Hughes déploie des accents profonds et bien timbrés. Pour ses débuts à l’Opernhaus le contre-ténor dont tout le monde parle, Jakub Józef Orlinski, fait honneur à sa réputation et livre des vocalises stratosphériques éblouissantes dans le rôle virtuose du guerrier perse Cyrus, qui fait sensation en montant un énorme puma. On mentionnera également Tuva Semmingsen, totalement habitée par son rôle de prophète. Oratorio oblige, le chœur occupe bien évidemment une place de choix dans Belshazzar. Celui de l’Opernhaus de Zurich, sur scène de bout en bout de la soirée, livre une splendide prestation, qui justifie à elle seule le déplacement.



Claudio Poloni

 

 

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