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Dédoublement partiel

Gent
Opera Vlaanderen
01/09/2020 -  et 12, 14, 17, 20, 22, 27 et 31 décembre (Antwerpen), 11, 14, 16, 19*, 21, 23 janvier 2020 (Gent)
Antonín Dvorák: Rusalka, opus 114, B. 203
Pumeza Matshikiza*/Tineke Van Ingelgem (Rusalka), Mykhailo Malafii*/Kyungho Kim (Prince), Goderdzi Janelidze (Vodník), Maria Riccarda Wesseling (Jezibaba), Karen Vermeiren (Princesse étrangère), Daniel Arnaldos (Garde-chasse), Raphaële Green (Aide de cuisine, Troisième Dryade), Justin Hopkins (Chasseur), Annelies Van Gramberen (Première Dryade), Zofia Hanna (Deuxième Dryade), Ballet Opera Vlaanderen, Sidi Larbi Cherkaoui (direction)
Koor Opera Vlaanderen, Jan Schweiger (chef de chœur), Symfonisch Orkest Opera Vlaanderen, Giedrė Slekytė (direction)
Alan Lucien Oyen (mise en scène, chorégraphie), Asmund Færavaag (scénographie), Stine Sjøgren (costumes), Martin Flack (lumières)


(© Filip Van Roe)


Muni d’un corps de ballet dirigé par Sidi Larbi Cherkaoui, l’Opéra des Flandres consacre une partie de sa programmation à la danse. Cette nouvelle production de Rusalka (1901) intègre les deux disciplines, pour un résultat mitigé, malgré l’important travail de mise en place. Alan Lucien Oyen, qui débute dans la mise en scène d’opéra, duplique certains personnages par des danseurs. Les doubles de Rusalka, du prince et de Vodník interagissent avec les chanteurs de manière assez complexe, mais avec fluidité et précision.


Le procédé, qui ne présente pas un caractère inédit, ne s’applique étrangement pas à Jezibaba et à la Princesse étrangère, contrairement aux dryades. Par sa nature fortement chorégraphique, cette mise en scène suscite, à la longue, une impression d’artificialité et de redondance, et la danse tend à dissiper l’attention lors de certains échanges entre la nymphe et le Prince, ou entre celle-ci et l’esprit du lac. Par sa beauté et sa grâce, la danseuse doublant Rusalka en vient à éclipser la chanteuse, sans même en avoir l’intention. S’il faut reconnaître l’esthétique et l’expressivité des gestes et des mouvements chorégraphiques, la direction d’acteur, en comparaison, apparaît plus ordinaire.


Quant à la scénographie, elle se résume à une structure en bois bipartite, toute en courbes et en ondulations, qui pivote et se déplace. Un éclairage étudié lui applique de belles lumières changeantes, mais l’effet produit dépend de l’emplacement dans la salle. Le plateau comporte également un rocher et deux arbustes longilignes, surmontés par une chétive grappe de baies. De toute évidence, la mise en scène privilégie le dépouillement, et contrairement à ce que l’Opéra des Flandres propose habituellement, ce spectacle se révèle dépourvu d’audace et de provocation.


Une fois de plus, le public accorde une ovation debout aux interprètes, mais nous ne partageons pas cet élan d’enthousiasme à l’égard d’une distribution internationale sans cachet d’authenticité. Qu’aurait accompli une troupe de chanteurs tchèques? Pumeza Matshikiza affiche une tessiture large et aux belles teintes sombres, mais la voix se montre trop tendue, voire anguleuse, par moments, et la solide soprano sud-africaine délivre un chant trop uniforme. Elle répond à Goderdzi Janelidze, qui possède l’exact format du rôle de Vodník. La basse géorgienne marque le personnage de son empreinte, par sa présence et son chant, mais la voix pourrait descendre davantage dans les graves et afficher plus de mordant, surtout dans le premier acte. Mykhailo Malafii incarne un Prince désespérément terne, mais ce ténor ukrainien à la voix moyennement attrayante surveille le phrasé.


Par le timbre et l’intonation, Maria Riccarda Wesseling convainc quasiment sans réserve en Jezibaba, qu’elle caractérise sans trop accuser les traits, tandis que la rigoureuse Karen Vermeiren arbore une voix magnétique, aux couleurs plutôt corsées, dans celui de la Princesse étrangère. Les chanteurs de la troupe des jeunes en charge des plus petits rôles attirent positivement l’attention sur eux; l’alliage des timbres frais et juvéniles des trois dryades s’opère harmonieusement. En dépit de cuivres parfois hésitants, l’orchestre atteint son niveau de jeu habituel. Les bois rivalisent de précision et d’expressivité, et les cordes traduisent chaleureusement le lyrisme de cette partition, exécutée avec vigueur et clarté. Et c’est une jeune chef lituanienne qui officie dans la fosse: Giedrė Slekytė met en exergue la beauté des thèmes et de l’orchestration.



Sébastien Foucart

 

 

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