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La croisière s’amuse

Zurich
Opernhaus
09/25/2020 -  et 4, 8, 11 octobre 2020
Emmerich Kálmán : Die Csárdásfürstin
Annette Dasch (Sylva Varescu), Pavol Breslik (Edwin), Spencer Lang (Boni), Rebeca Olvera (Stasi), Martin Zysset (Feri), Jürgen Appel (Kiss, Fürst)
Zusatzchor des Opernhauses Zürich, Janko Kastelic (préparation), Philharmonia Zürich, Lorenzo Viotti (direction musicale)
Jan Philipp Gloger (mise en scène), Franziska Bornkamm (décors), Karin Jud (costumes), Martin Gebhardt (lumières), Melissa King (chorégraphie), Claus Spahn (dramaturgie)


(© Toni Suter)


Depuis qu’il dirige l’Opernhaus de Zurich, Andreas Homoki n’a jamais négligé l’opérette. Initialement prévue en avril, la nouvelle production de Die Csárdásfürstin a été reportée au début de cette nouvelle saison, en raison de la pandémie. Princesse Czardas est sans conteste l’opérette la plus connue d’Emmerich Kálmán. Il s’agit d’une histoire d’amour rocambolesque et riche en péripéties, comme le veut le genre. Sylva Varescu, une chanteuse de variétés surnommée Princesse Czardas, se produit pour la dernière fois à Budapest avant de partir en tournée en Amérique. Edwin, le prince de Liebensdorf, tombe follement amoureux d’elle, mais ses parents voient d’un mauvais œil la liaison de leur fils avec une femme d’un rang bien inférieur au sien ; ils décident alors de faire annoncer les fiançailles d’Edwin avec la comtesse Stasi. De rebondissements en rebondissements, le dénouement sera bien évidemment des plus heureux, les différences de classes sociales étant finalement oubliées.


Le premier acte de l’ouvrage a été écrit en 1914, mais la composition a été interrompue pendant un an en raison du déclenchement de la Première Guerre mondiale. Les deuxième et troisième actes suivirent à l’été 1915. La coupure se remarque dans les propos des personnages, qui sont devenus un peu plus sombres, même si le ton général reste joyeux, opérette oblige. La création a eu lieu en novembre 1915 à Vienne, se soldant par un immense succès. La première en langue française a été donnée à Anvers en 1921, et il faudra attendre 1930 pour que l’ouvrage soit joué en France.


Malgré ses tonalités noires vers la fin, Princesse Czardas est un ouvrage en décalage avec son époque, qui voyait l’Europe plongée dans la tourmente. Le metteur en scène Jan Philipp Gloger a cherché à entretenir le paradoxe en transposant l’intrigue sur un yacht de luxe, sur lequel s'amuse une joyeuse bande de riches insouciants, des happy few qui ne pensent qu’à faire la fête pour fuir la réalité, et accessoirement les pandémies ! Il est vrai que le champagne coule à flots sur le bateau. La starlette Sylva a été engagée pour divertir les passagers fortunés, lesquels ne voient guère la réalité qui se rappelle à eux par exemple sous la forme de migrants entassés sur un canot pneumatique ou d’ours polaires à l’étroit sur leur banquise en train de fondre. Le yacht est pris dans une tempête, ce qui n’empêche pas les passagers de faire la fête en gilet de sauvetage. Puis les animaux meurent d’avoir avalé les déchets de l’océan et la Terre explose, mais les joyeux drilles réussissent à fuir sur une autre planète, où ils expliquent aux extraterrestres comment boire du champagne ! La production est kitsch et bigarrée à souhait, mais aussi intelligente et cohérente de bout en bout. La mise au goût du jour de l’intrigue a nécessité de remanier de nombreux passages de l’œuvre, qui n’a finalement plus grand-chose à voir avec l’original, mais personne ne s’en plaindra.


De valses viennoises en czardas hongroises, le chef Lorenzo Viotti mène le bal à un rythme effréné et les musiciens du Philharmonia Zürich ne se font pas prier pour le suivre. L’Edwin de Pavol Breslik domine la distribution, avec sa voix ardente et lyrique et son timbre de velours. La Sylva d’Annette Dasch ne convainc qu’à moitié, en raison de problèmes d’intonation et d’un manque de charisme. Les seconds rôles sont tous excellents, qu’il s’agisse de la Stasi hystérique de Rebeca Olvera ou encore du Boni flamboyant de Spencer Lang.



Claudio Poloni

 

 

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