Don Pasquale inaugure avec brio le premier mandat de Laurent Campellone à l'Opéra de Tours !

Xl_donpasquale © Marie Pétry

Grâce à la pugnacité de Laurent Campellone, le tout nouveau et fringant directeur général de l’Opéra de Tours, le premier titre de son mandat a bien vu le jour : un Don Pasquale qui marquait la prise de rôle de Laurent Naouri !

Pour ne pas changer, c’est dans une salle vidée de son public que la représentation a lieu, avec la présence de quelques journalistes cependant, dans le cadre d’une captation vidéo qui sera ultérieurement diffusée en streaming. Initialement prévu sous format concertant, le chef d’œuvre de Gaetano Donizetti bénéficie au final d’une mise en espace conçue par Nicola Berloffa, qui se met d’abord au service des interprètes, dont les interactions sont fort bien soulignées. Pour le reste, la scénographie se résume à un long rideau noir, et à deux fauteuils en velours rouge. C’est simple mais n’en est pas moins efficace, l’attention ne se portant que sur le chant et des mimiques toujours pleines de sens…

Dans le rôle-titre, et l’on pouvait s’y attendre, Laurent Naouri est magistral de verve et de présence (à l’image de sa Mamma Agatha dans Viva la Mamma du même Donizetti à Genève il y a deux ans). Il s’impose avec évidence dans son premier Don Pasquale, prenant manifestement beaucoup de plaisir à ce rôle bouffe qu’il habite avec métier, d’une voix sonore et rompue au chant syllabique. Et l’on pouvait faire confiance à Florian Sempey pour lui tenir tête, dans le rôle de Malatesta, bien plus que la frêle Anne-Catherine Gillet en Norina (sans pour autant s’en laisser conter). Le premier fait preuve de son impressionnante et coutumière autorité vocale, que complètent une vocalisation hors-pair et un legato savoureux dans la Romance. Son mordant vocal et sa chaleur dramatique en font par ailleurs un parfait deus ex machina. La deuxième arrache le personnage à la mauvaise tradition des sopranos légers et pépiants, en faisant valoir sa technique sans faille (quelle sûreté dans l’aigu !) et une voix à l’ampleur et à la largeur requises. Par malheur, Sébastien Droy n’est pas dans un bon jour, même s’il se rattrape dans son grand air « Com’è gentil », au dernier acte. On peut néanmoins légitimement se demander s’il est toujours à sa place dans ce répertoire belcantiste, la voix n’étant plus celle du tenorino qu’il fût, mais s’est beaucoup étoffée ces dernières années, lui permettant désormais d’aborder des emplois plus lyriques. Enfin, la qualité du Chœur de l'Opéra de Tours, dans ses courtes interventions du III, ajoute au plaisir de l’écoute.

Côté fosse, profitant de l’absence de spectateurs au parterre, cette dernière a été surélevée à son niveau et l’orchestre déborde même sur les premiers rangs, ce qui permet de respecter les fameuses distanciations sans que cela ne se fasse au détriment du nombre de musiciens. Le chef français Frédéric Chaslin, placé à la tête d’un excellent Orchestre Symphonique Région Centre Val de Loire/Tours, opte pour des tempi rapides, valorisant ainsi le rythme frénétique de la comédie, sans oublier de ralentir lors des moments plus mélancoliques de la partition, comme dans l’aria d’Ernesto, lors de laquelle il faut louer l’infaillibilité du trompettiste solo de la phalange tourangelle.

Bref, un début de mandat des plus prometteurs, en espérant que les quatre prochains titres - tous issus du répertoire français et qui courront jusqu’en décembre 2021 - seront donnés en « présentiel »...

Emmanuel Andrieu

Don Pasquale de Gaetano Donizetti à l’Opéra de Tours, le 31 janvier 2021

Crédit photographique © Marie Pétry

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