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Triomphe du rêve

Paris
Théâtre du Châtelet
05/29/2021 -  et 30 mai, 5, 6 juin 2021
Mitch Leigh: L’Homme de la Mancha (adaptation Bassem Akiki)
Filip Jordens (Don Quichotte, Cervantès), Junior Akwety (Sancho Pança, Le valet), Ana Naqe (Dulcinea), Nadine Baboy (Maria), François Beukelaers (Le capitaine de l’Inquisition), Gwendoline Blondeel/Laura Telly Gambier (La gouvernante), Pierre Derhet (Le padre, Le barbier), Bertrand Duby (L’aubergiste), Raphaele Green (Antonia), Christophe Herrada (Dr Carrasco, Le duc, Le chevalier), Chaib Idrissi (Anselmo), Enrique Kike Noviello (Noviello Pedro, Le chef des muletiers)
Ensemble instrumental, Bassem Akiki*/Rafal Kloczko (direction musicale)
Michael De Cock, Junior Mthombeni (mise en scène), Gerardo Salinas (dramaturgie), Eugenio Szwarcer (scénographie, vidéo), Pablo Curioni, Lien De Trogh (vidéo), Gérard Maraite (conception lumières), Sabina Kumeling (costumes)


F. Jordens, J. Akwety (© Cyril Moreau/Théâtre du Châtelet)


De passage à Paris pour quelques représentations cette reprise du spectacle culte bruxellois, la comédie musicale L’Homme de la Mancha, qui aurait dû y être jouée pour les fêtes de fin d’année 2020, a marqué la reprise de l’activité du Théâtre du Châtelet.


On rappelle brièvement la carrière de Man of La Mancha, livret de Dale Wasserman, paroles de Joe Darion et musique de Mitch Leigh, musical créé avec un succès considérable à Broadway en 1965, dont Jacques Brel, séduit par le personnage principal, acheta les droits pour l’adapter en français et s’emparer du rôle-titre pour un spectacle mémorable au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles en 1968, très largement ensuite distribué en France, un rôle qui lui assura, grâce au tube absolu qu’est la chanson «La Quête», une glorieuse fin de carrière. Cinquante ans plus tard, une nouvelle production vit le jour au Koninklijke Vlaamse Schouwburg de Bruxelles, dans une adaptation musicale de Bassem Akiki et une mise en scène de Michael De Cock et Junior Mthombeni. C’est la reprise de ce spectacle qu’a invité le Théâtre du Châtelet pour faire revivre les aventures de Don Quichotte que Paris avait oubliées depuis une reprise en 2012 au Théâtre des Variétés.


On est toujours frappé en découvrant un des nombreux avatars d’un des chefs-d’œuvre de la littérature romanesque mondiale par toutes les possibilités offertes pour en exploiter quelques facettes. Et aussi pour regretter qu’on en laisse tant de côté. Ce spectacle très rodé, malgré de petits problèmes de sonorisation, avec ses faiblesses (terribles longueurs, redondances et quelques vulgarités) mais aussi des moments très poétiques et des chansons qui sont presque toutes des réussites, a redonné un sang neuf à celui de Jacques Brel, bridé à l’époque par les créateurs américains en le mettant en perspective dans le climat social du siècle.


Il s’agit d’une fiction par laquelle Cervantès, poursuivi par l’Inquisition, fait jouer en prison par ses codétenus les mésaventures de son héros Don Quichotte auquel il s’assimile. Un peu à la façon des poupées gigognes l’action englobe la vie de l’écrivain et une création sous forme d’improvisation de son chef-d’œuvre en attendant son procès qui est en réalité mené par les codétenus qui jouent son drame.


Certes, l’orchestre de vents, guitares et percussions placé sur scène a toujours son efficacité théâtrale avec son petit côté brechtien. Il est surmonté d’un écran qui donne au spectacle une approche multiculturelle et qui commente l’action, la déplace parfois dans des vues d’un Bruxelles en travaux et de paysages arides de la Manche ainsi qu’il donne à la réflexion du public des citations de Cervantès et projette des clips par lesquels les interprètes expriment un par un leur «impossible rêve»... Cela enrichit une action scénique réduite au seul livret, qui pourrait paraître aujourd’hui un peu pauvre, mais le surcharge aussi de bavardages et de bons sentiments souvent hors sujet. Le fait de donner la représentation sans entracte – est-ce dû au contexte sanitaire ou une volonté dramaturgique? – sauve ce spectacle si multidirectionnel d’un tronçonnage qui lui nuirait.


Dirigé avec passion par Bassem Akiki, qui a réalisé les arrangements musicaux de cette reprise, la distribution d’excellents comédiens allait pour la partie vocale du meilleur au pire avec dans le rôle-titre Filip Jordens, dont la ressemblance physique et vocale avec Jacques Brel est troublante mais qui n’en a pas le grand charisme. Il a cependant chanté l’air de bravoure très attendu avec beaucoup de tendresse. Très bons aussi le Sancho de Junior Akwety qu’hélas! la pièce n’a pas suffisamment gâté en chant, le Père/Barbier de Pierre Dehret, l’Aubergiste de Bertrand Duby. Les femmes étaient moins glorieuses voire franchement mauvaise pour Ana Naqe, Aldonza/Dulcinée avec une voix très fragmentée qui ne devait son salut qu’aux prouesses de la sonorisation.



Olivier Brunel

 

 

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