Votre navigateur est obsolète. Veuillez le mettre à jour avec la dernière version ou passer à un autre navigateur comme ChromeSafariFirefox ou Edge pour éviter les failles de sécurité et garantir les meilleures performances possibles.

Passer au contenu principal

Critique de la première à Lausanne«Dédé», un passeport pour l’insouciance

Tandis que Dédé (Joël Terrin) courtise Odette (Béatrice Nani), Robert (Maxence Billiemaz) fait son numéro avec les vendeuses du magasin de chaussures.

André de la Huchette (Dédé) est amoureux d’Odette, une femme mariée. Pour pouvoir se rencontrer, elle lui a fait acheter le magasin de chaussures de son mari, tout en lui faisant croire que celui-ci est le préfet de police. Dédé a fait engager comme gérant dudit magasin son ami Robert, flambeur notoire, tandis que Denise, une employée, en pince secrètement pour Dédé. Mais elle est courtisée par Maître Leroydet, notaire. Résumé de la sorte, «Dédé», à l’affiche de la Route Lyrique de l’Opéra de Lausanne, ne se distingue guère des vaudevilles que la France a produits à la chaîne. Mais transformée en comédie musicale par Henri Christiné sur les paroles d’Albert Willemetz, cette plaisanterie de 1921 distille encore le parfum qui a fait son succès.

«Dans la vie faut pas s’en faire»

Retrouver ces rengaines, ces rythmes et ces danses endiablés vaut mille fois mieux qu’un antidépresseur. Si les années folles l’ont été, «Dédé» n’en a peut-être pas été le déclencheur, mais un marqueur indélébile. C’était quand le public se précipitait au Théâtre des Bouffes Parisien pour applaudir Maurice Chevalier en Robert chantant «Dans la vie faut pas s’en faire». On y sent l’influence américaine, qui contamine les mélodies, mais aussi l’irruption du téléphone et un nouveau sens du marketing, sans oublier les grèves syndicales. Sous ses paillettes fantaisistes, «Dédé» croque à belles dents la pomme de la modernité.

«Sous ses paillettes fantaisistes, «Dédé» croque à belles dents la pomme de la modernité.»

Une véritable troupe de jeunes artistes, autant sur scène que dans la fosse, fait revivre cette frénésie de joie et de sensualité qui a suivi la fin de la Première Guerre mondiale. Le metteur en scène Jean-Philippe Guilois est avant tout chorégraphe, champion de France de danse de salon. Le tango, le fox-trot et toutes les danses qui inondent l’Europe à cette époque, il en reconstitue la fraîcheur et la virtuosité. Il réussit la prouesse de faire danser les chanteurs en permanence, dès que l’ensemble instrumental de l’Opéra de Lausanne entre en action sous la baguette acérée de Jean-Philippe Clerc.

L’expérience de la tournée permettra de parfaire la mécanique des ensembles et la diction encore floue des chœurs. De ce collectif monté sur ressorts émergent les talents singuliers de Joël Terrin (Dédé) et Maxence Billiemaz (Robert), qui s’entendent comme larrons en foire, mais aussi de la décapante Denise, de Laurène Paternò, qui sait faire tourner la farce en hymne à l’amour sincère.

Le final de «Dédé» finement chorégraphié par Jean-Philippe Guilois.

«Dédé» de Christiné et Willemetz
Lausanne, Opéra, et en tournée vaudoise et romande
Jusqu’au 11 juillet
www.opera-lausanne.ch