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Retour d’un classique

Paris
Opéra Garnier
06/30/2021 -  et 3, 6*, 8, 11, 13 juillet 2021
Wolfgang Amadeus Mozart : La clemenza di Tito, K. 621
Stanislas de Barbeyrac (Tito Vespasiano), Amanda Majeski (Vitellia), Anna El-Khashem (Servilia), Michèle Losier (Sesto), Jeanne Ireland (Annio), Christian Van Horn (Publio)
Chœurs de l’Opéra national de Paris, Ching-Lien Wu (cheffe des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Mark Wigglesworth (direction)
Willy Decker (mise en scène), John Macfarlane (décors, costumes), Hans Toelstede (lumières)


A. Majeski, M. Losier (© Emilie Brouchon/Opéra national de Paris)


Une muraille un peu penchée, une couronne qui est fardeau et que l’empereur ceint – ou qu’on lui impose – ou rejette sans cesse, la déposant à la fin : après avoir renvoyé Bérénice malgré lui, Titus peine à assumer son pouvoir. Son buste, pourtant, émerge peu à peu d’un bloc de pierre, symbole de l’accession à la maturité. Mais Publius, le préfet de police, pourrait bien exercer le pouvoir à sa place, flanqué de son troupeau de délateurs. Dans une production maintes fois revue depuis 1997, Willy Decker parvient à donner une vie théâtrale au dernier opéra mozartien, vrai défi pour les metteurs en scène tant il est dramatiquement problématique. Direction d’acteurs tendue, à l’image de ces personnages cornéliens, tourmentés, écartelés entre des sentiments contraires : du beau travail, qui fait de la production, plus de vingt ans après, un classique échappant à l’usure.


Mark Wigglesworth a lui aussi le sens du théâtre, peu soucieux cependant de raffinement, à la tête d’un orchestre qu’on a entendu plus glorieux. Déjà Vitellia de la reprise de 2017, Amanda Majeski n’a rien perdu de sa superbe perverse, toujours à l’aise dans une tessiture redoutable, mais avec un aigu moins sûr et des vocalises parfois un peu savonnées. Le Sextus déchiré de Michèle Losier déploie un mezzo au timbre chaud, d’une parfaite homogénéité, offrant au II un magnifique « Deh per questo istante solo ». Jeanne Ireland incarne aussi un très bel Annius, Anna El-Khashem une ravissante Servilia, au timbre fruité, tous deux n’ayant rien à envier aux autres pour la tenue de la ligne. Et Christian Van Horn donne un relief à Publius, que Mozart a si peu gâté. Comme à Ottavio, Stanislas de Barbeyrac prête à Titus une voix plus corsée et plus centrale qu’il est de coutume, conférant au personnage une épaisseur nouvelle, à laquelle jamais n’est sacrifiée la tenue de la ligne, mais l’émission se raidit parfois, la vocalise et l’aigu se dérobent quand vient au II le virtuose « Se all’impero ». Un plateau homogène en tout cas, qui lui aussi anime, notamment dans les récitatifs, le seria mozartien.



Didier van Moere

 

 

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