A Salzbourg, une Tosca de Puccini sans grand frisson

- Publié le 26 août 2021 à 10:40
Ni la mise en scène de Michael Sturminger, ni la direction musicale de Marco Armiliato, ni la présence d'Anna Netrebko en tête de distribution, n'ont permis de sauver la soirée de l'ennui. Le Scarpia de Ludovic Tézier était là, cependant, pour relever le niveau.
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Soir de routine dans la fosse du Grosses Festspielhaus. Marco Armiliato se laisserait-il griser par la pâte somptueuse des Wiener Philharmoniker ? Il dirige le premier acte de cette Tosca en négligeant les contrastes, les atmosphères, le théâtre, alanguissant parfois les tempos jusqu’à la limite de la décence, afin que le couple star (Anna Netrebko et Yusif Eyvazov) puisse tenir ses notes. Les sommets dramatiques du II auront un peu raison de cette placidité, avant que l’électricité ne retombe à l’acte ultime.

Problèmes de justesse

Netrebko est donc Tosca, lovée dans les onctueux replis de son soprano supersonique. Guère aiguillonnée par cette baguette, l’incarnation reste hélas ! assez superficielle, avare en demi-teintes, et perturbée par de sempiternels problèmes de justesse (qui ruineront tout le début de « Vissi d’arte »). Si, au II, l’artiste se montre plus concernée par les tourments de la protagoniste, c’est toujours avec une certaine retenue – traitant Scarpia d’assassin, elle ne lui crache pas l’injure à la figure, elle la murmure, comme effrayée par la démesure des sentiments. Eyvazov, lui, s’efforce de nuancer ses phrasés, mais la voix de ce Mario est ce qu’elle est, ni latine, ni très chaleureuse, ni très belle. Triomphe alors notre Ludovic Tézier national, monument de haine sculpté dans le bronze d’un baryton flamboyant et carnassier. Mention aussi pour l’Angelotti à l’organe avantageux de Michael Mofidian.

Visite touristique

Le spectacle de Michael Sturminger commence dans un parking souterrain, où une fusillade oppose des carabinieri à quelques activistes politiques (c’est du moins ce qu’on suppose). Angelotti en réchappe, et après ces quelques secondes de folle audace, nous voilà transportés dans l’église Sant’Andrea della Valle, où ne manquent ni une dorure ni un pilastre. Viendra ensuite le palais Farnèse avec toutes ses fresques : Rome comme si vous y étiez. Les costumes modernes seraient-ils donc être la seule « originalité » de ces deux premiers actes, à la direction d’acteurs assez convenue ? La visite touristique continue au III, face à une carte postale géante du Vatican. Nous ne sommes pas sur la terrasse du château Saint-Ange, cependant, mais sur le toit d’un pensionnat pour jeunes garçons, surmonté de lettres en néon formant les mots Il Divo (allusion explicite au film homonyme de Paolo Sorrentino, qui conte le destin d’un politicien véreux). D’ailleurs, ce sont des gamins qui tireront sur Mario, alors que Tosca se fera descendre par Scarpia, qui n’était donc pas mort. Admettons… ou pas.

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