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CRITIQUES DE CONCERTS 19 avril 2024

Nouvelle production de Don Giovanni de Mozart dans une mise en scène de Romeo Castellucci et sous la direction de Teodor Currentzis au festival de Salzbourg 2021.

Salzbourg 2021 (5) :
Deux Narcisse pour un Mozart

© Ruth Walz

Reporté du festival 2020, le Don Giovanni choc de l’équipe Castellucci-Currentzis arrive enfin sur les planches de Salzbourg, entre coups de boutoir, fulgurances théâtrales de la direction, et une mise en scène dont l’esthétisme bute sur une dramaturgie typiquement XVIIIe. Une production pesante et narcissique jusque dans ses saluts.
 

GroĂźes Festspielhaus, Salzburg
Le 20/08/2021
Yannick MILLON
 



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  • On a rĂ©gulièrement applaudi Romeo Castellucci dans des ouvrages modernes oĂą son art de plasticien, conceptuel et symboliste, a su accoucher de grands spectacles, de Parsifal Ă  MoĂŻse et Aaron en passant par Jeanne d’Arc et SalomĂ©. Mais dans un opĂ©ra Ă  numĂ©ros comme Don Giovanni, son style foisonnant semble atteindre ses limites.

    Le prologue où des manutentionnaires vident une chapelle d’un blanc immaculé lançait pourtant une audacieuse réflexion sur la désacralisation. Seulement, le catalogue Castellucci s’éparpille très vite, du théâtre antique (les Érinyes de Donna Anna) à la peinture flamande, des pommes du Jardin d’Éden aux corps pétrifiés de Pompéi, de la photocopieuse des conquêtes à l’ultime souper où une croix (à l’envers) descend sur à un dissolu à poil, qui se roule dans la peinture blanche après avoir terminé sa Serenata dans la position du Christ crucifié.

    Les cintres du Festspielhaus servent en outre pour toute une série de chutes assourdissantes : voiture, fauteuil roulant, piano ; mais aussi avec silence et souplesse pour un fiacre… qui perdra toutefois une roue. Et le metteur en scène romain de multiplier les symboles, comme le marteau de Don Giovanni et la faucille de Masetto, en une série de tableaux très morcelés.

    Le II, plutôt que hâter le destin, se fige, avec sa noria de femmes (cent cinquante dames de Salzbourg, de tous âges) vite rasoir – la palme au cimetière, où les femmes-cyprès finissent par trembloter en poussant des gémissements devant les huées du public. Que penser enfin de cet Ottavio égrenant un sketch à chaque apparition, ici promenant un caniche nain, là en chevalier à croix de saint Georges ?

    Cet univers post-moderne, aux images magnifiques, nécessite pour meubler les déplacements et marteler sa solennité (au diable le giocoso !) d’étaler la représentation sur 4h – Currentzis donne toute la musique (sauf le duo Zerline-Leporello) des versions Prague et Vienne, augmentées d’improvisations lourdingues dans les récitatifs.

    Et pourtant, le démiurge russe, avec ses propres musiciens qui jouent debout et comme sous amphètes, cravache ses tempi et sait sporadiquement donner le sentiment de course à l’abîme que la scène refuse. Que n’a-t-il résisté à sa manie de freiner l’action des deux pieds dans les récits, truffés de silences interminables ? Pour ne rien dire des saluts, au ralenti, carrément lénifiants. Vraie osmose toutefois : à Narcisse sur scène répond Narcisse dans la fosse.

    On a assez mégoté sur les dernières distributions mozartiennes de Salzbourg pour ne pas louer celle-ci, où seule déçoit Federica Lombardi, molle sur ses attaques et ses vocalises, Elvira parfois geignarde. Gémellaires en scène, Vito Priante et Davide Luciano le sont aussi en voix, magnifique couleur latine l’un et l’autre, diction et sillabato impeccables, un rien plus d’étoffe chez le valet, de clarté de l’émission chez le maître.

    La Donna Anna de Nadezhda Pavlova, par-delà ses maniérismes, offre palette de nuances, aigus suspendus et imprécations magnifiquement dardées, face à l’Ottavio solaire de Michael Spyres, aussi radieux dans la mezza voce que dans sa longueur de souffle. Commandeur fonctionnel de Mika Kares, Zerlina (Anna Lucia Richter) et Masetto (David Steffens) juste assez peuple complètent un excellent plateau.




    GroĂźes Festspielhaus, Salzburg
    Le 20/08/2021
    Yannick MILLON

    Nouvelle production de Don Giovanni de Mozart dans une mise en scène de Romeo Castellucci et sous la direction de Teodor Currentzis au festival de Salzbourg 2021.
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Don Giovanni, dramma giocoso en deux actes (1787)
    Livret de Lorenzo Da Ponte

    Chœur musicAeterna
    Voix d’hommes du Bachchor Salzburg
    musicAeterna
    direction : Teodor Currentzis
    mise en scène, décors, costumes & éclairages : Romeo Castellucci
    chorégraphie : Cindy Van Acker
    préparation des chœurs : Vitaly Polonsky

    Avec :
    Davide Luciano (Don Giovanni), Mika Kares (Il Commendatore), Nadezhda Pavlova (Donna Anna), Michael Spyres (Don Ottavio), Federica Lombardi (Donna Elvira), Vito Priante (Leporello), David Steffens (Masetto), Anna Lucia Richter (Zerlina).

     


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