altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 28 mars 2024

7 Deaths of Maria Callas de Marina Abramović, sous la direction de Yoel Gamzou à l’Opéra de Paris, en ouverture du Festival d’automne.

Loin de la Callas
© Charles Duprat

Reporté de la saison précédente, les 7 Morts de Maria Callas, opéra conçu par Marina Abramović sur commande de l’Opéra de Bavière, déçoit nettement. Le spectacle s’éloigne du théâtre lyrique sans constituer véritablement une performance semblable à celles qui ont rendu l’artiste serbe célèbre, au profit d’un étalage nombriliste.
 

Palais Garnier, Paris
Le 02/09/2021
Thomas DESCHAMPS
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • Inspirations romantiques

  • Verdi sentimental

  • Perfection selon saint Jean

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • Rester couchĂ©e, pendant 1h20, les yeux fermĂ©s, dans un fac-similĂ© de lit ayant appartenu Ă  Maria Callas : voilĂ  l’essentiel de la performance de Marina Abramović, figure lĂ©gendaire du body art. Premier Ă©tonnement d’une longue liste, cette prestation s’éloigne considĂ©rablement de celles qui ont fait la renommĂ©e de l’artiste serbe qui mettait frĂ©quemment son intĂ©gritĂ© corporelle en danger.

    Dans le même temps, sept jeunes cantatrices chantent tour à tour un air. Certains rôles sont étroitement associés à Maria Callas (Tosca, Violetta, Norma), d’autres n’ont jamais été joués sur scène par la soprano (Carmen, Desdemone). Pour chaque aria, la scénographie est immuable. Tout d’abord, alors que des nuages sombres se projettent sur des rideaux de tulle, la voix off de Marina Abramović égrène dans un anglais à la diction emphatique quelques banalités au sujet de l’air à venir.

    Chaque chanteuse dans un costume de soubrette de palace de luxe entre à jardin, débite son air dans la pénombre, passe devant le corps de Maria/Marina, et sort à cour. Cette conception soigneusement antithéâtrale laisse entièrement le champ pour l’écran situé juste derrière les protagonistes. Sept vidéos y sont donc projetées successivement, dans lesquelles apparaissent l’acteur américain Willem Dafoe et la performeuse, persuadée de sa ressemblance à la Callas.

    Ces images tournées avec un grand luxe de décors et de costumes, illustrent avec quelques variations les airs. Pour Otello, Dafoe dépose sur le torse de Maria un gigantesque serpent très photogénique qui vient l’enrouler de ses anneaux et l’étouffer. Butterfly erre dans un paysage ravagé par une explosion nucléaire, enlève sa combinaison antiradiation et succombe aussitôt. À côté de l’évocation de cette menace pour l’humanité, la question du genre est « abordée » : Carmen est cintrée dans le costume d’Escamillo, et pour Norma, c’est Dafoe qui joue la druidesse, mais son beau visage maquillé évoque irrésistiblement Terence Stamp dans le film Priscilla, folle du désert !

    De surcroît, le défilé de jeunes chanteuses plus ou moins talentueuses mais sans personnalité marquante s’apparente plus à une audition qu’à un spectacle lyrique. Il faut dire que la direction erratique de Yoel Gamzou ne les sert guère. L’air de la folie de Lucia y perd notamment toute progression dramatique. Au terme des sept morts, un nouvel interlude bruissant permet le premier et dernier changement de décor.

    Pour ce dernier tableau, Abramović joue ce qu’elle imagine être les derniers moments de la diva avenue Georges Mandel. Elle ouvre les yeux, se lève enfin, égrène en voix-off des banalités, consulte des photos et disparaît dans la lumière de la salle de bain. Les chanteuses déguisées en employées de palace viennent faire le ménage et disposer du tulle noir sur les miroirs et les meubles. Un électrophone est mis en marche et la véritable voix de Callas retentit dans des crachotements. La performeuse habillée d’une robe de lumière revient onduler jusqu’à ce que l’air se rompe brutalement. Rideau.

    En définitive, le point positif de ce spectacle est d’avoir amené un nouveau public à l’Opéra de Paris. Mais les fans et amateurs de Maria Callas seront sans doute déçus par une soirée très éloignée de l’univers artistique de la chanteuse.




    Palais Garnier, Paris
    Le 02/09/2021
    Thomas DESCHAMPS

    7 Deaths of Maria Callas de Marina Abramović, sous la direction de Yoel Gamzou à l’Opéra de Paris, en ouverture du Festival d’automne.
    7 Deaths of Maria Callas (2020)
    Livret de Peter Skavian et Marina Abramović, sur des scènes d’opéras de Bellini, Bizet, Donizetti, Puccini et Verdi

    Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris
    direction : Yoel Gamzou
    mise en scène, décors : Marina Abramović
    costumes : Riccardo Tisci
    éclairages : Urs Schönebaum
    film : Nabil Elderkin
    vidéo intermezzos : Marco Brambilla
    conception : Marina Abramović
    musique : Marko Nikodijević

    Avec :
    Marina Abramović (actrice film et performance), Willem Dafoe (acteur film), Hera Hyesang Park (Violetta Valéry), Selene Zanetti (Floria Tosca), Leah Hawkins (Desdemona), Grabriella Reyes (Cio-Cio-San), Adèle Charvet (Carmen), Adela Zaharia (Lucia Ashton), Lauren Fagan (Norma).

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com