Réussi et réconfortant: le retour de l’opéra avec L’elisir d’amore
Une histoire légère et amusante, de belles lignes de chant et de belles voix, l’Opéra de Québec effectue un retour, et de belle façon, avec L’elisir d’amore.
Il faut dire qu’il s’avère savoureux parce qu’on s’était beaucoup ennuyé. Le dernier opéra présenté en salle, à Québec, devant public, remontait à l’automne 2019 avec La Traviata.
Il y avait eu un Barbier de Séville en webdiffusion et les productions à plus petite échelle du Festival d’opéra de Québec, dont un gala, sans mise en scène, avec de grands airs d’opéra du répertoire français.
Samedi, lors de la première, à la salle Louis-Fréchette, du Grand Théâtre de Québec, c’était la totale. Il y avait des voix québécoises, la présence de deux chanteurs français, l’Orchestre symphonique de Québec dans la fosse, un décor, de la mise en scène et le Chœur de l’opéra de Québec.
À l’affiche mardi, jeudi et samedi, l’histoire de cet opéra de Donizetti est toute simple. Nemorino, un paysan, et Belcore, un soldat, sont amoureux d’Adina, une fermière riche, instruite et indépendante, pas pressée de se marier.
À la suite de la lecture d’un extrait de l’histoire de Tristan et Iseult, Nemorino demande à un médecin charlatan, de passage, s’il n’a pas, en sa possession, un élixir qui pourrait le rendre encore plus séduisant. On est dans le plaisir. Il n’y a pas de grand drame ou de fin tragique.
Au lever du rideau, après une ouverture musicale réussie, on constate, avec les décors, les costumes et les couleurs, que nous sommes revenus à ce qu’on a connu, dans un passé presque lointain.
Le ténor français Julien Dran, qui joue et chante le rôle de Nemorino, est une belle découverte. Il offre de beaux moments et se distingue tout au long du deuxième acte avec, bien sûr, l’interprétation de Una furtiva lagrima (une larme furtive), l’air célèbre de cet opéra. Il est très crédible dans le personnage de Nemorino.
Sièges libres
On ne retrouve pas de grandes prouesses vocales ni d’envolées vocales spectaculaires dans cette œuvre du compositeur italien. L’elisir d’amore, c’est du beau chant, avec plusieurs duos forts réussis. Nous sommes plus dans la justesse et la subtilité que dans la puissance. Les musiques de Donizetti demeurent le point fort de cette œuvre.
Les solistes Julien Dran, Catherine Saint-Arnaud (Adina), qui se dévoile vocalement durant le deuxième acte, Hugo Laporte (Belcore) et le français Julien Véronèse (Dulcamara) s’acquittent parfaitement de cette mission.
Le toujours très solide Chœur de l’opéra de Québec fait de belles apparitions, dont une fort réussie, d’une section entièrement féminine. Ça bouge. Il y a du mouvement. On a même droit à un amusant affrontement au ralenti entre les deux prétendants.
Il manquait peut-être un peu de puissance vocale à l’occasion pour que les voix s’extirpent des moments plus intenses interprétés par les musiciens de l’Orchestre symphonique de Québec.
Et l’ensemble, sous la direction du chef Jean-Michel Malouf, était, samedi, en grande forme. Est-ce que les musiciens étaient sous l’influence de l’élixir du docteur Dulcamara? C’est bien possible.
Situation inhabituelle, plusieurs sièges étaient libres en ce lancement de saison de l’Opéra de Québec. Certainement en raison du port du masque obligatoire. On l’oublie toutefois assez rapidement, une fois plongé dans cette proposition de qualité et réussie. C’est beau, agréable à l’oreille, divertissant et ça tombe bien après cette interminable absence.