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Que du bonheur !

Lausanne
Opéra
11/05/2021 -  et 7*, 10, 12, 14 novembre 2021
Wolfgang Amadeus Mozart : Le nozze di Figaro, K. 492
Phillip Addis (Il Conte), Valentina Nafornită (La Contessa), Arianna Vendittelli (Susanna), Robert Gleadow (Figaro), Lea Desandre (Cherubino), Lucia Cirillo (Marcellina), Rubén Amoretti (Bartolo), Pablo García López (Basilio), François Piolino (Don Curzio), Sophie Negoïta (Barbarina), Alexandre Diakoff (Antonio)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Pascal Mayer (préparation), Orchestre de Chambre de Lausanne, Frank Beermann (direction musicale)
James Gray (mise en scène), Gilles Rico (reprise de la mise en scène), Santo Loquasto (décors), Christian Lacroix (costumes), Bertrand Couderc (lumières), Glysleïn Lefever (chorégraphie)


(© Jean-Guy Python)


Que du bonheur ! C’est le sentiment que procure la production des Noces de Figaro qui vient de lancer avec panache la saison lyrique 2021-2022 à Lausanne. Le spectacle est une reprise de la mise en scène du cinéaste américain James Gray (La nuit nous appartient, The Lost City of Z, Ad Astra) présentée au Théâtre des Champs-Elysées à la fin de 2019. A l’heure où tant de metteurs en scène dénaturent les ouvrages qui leur sont confiés, préférant raconter leurs propres fantasmes plutôt que l’intrigue, on ne peut qu’être totalement séduit par le travail de James Gray, qui suit fidèlement les didascalies sans jamais chercher midi à quatorze heures. Une telle humilité détonne aujourd’hui dans le monde lyrique. Pour classique qu’il soit, son spectacle n’en est pas moins original et parsemé de trouvailles. On pense par exemple à toutes les scènes où la violence des hommes sur les femmes est mise en évidence, explicitement ou implicitement. Et comme on pouvait s’y attendre de la part d’un cinéaste, la direction d’acteurs est particulièrement affûtée. Sans parler des costumes aux couleurs chatoyantes de Christian Lacroix et des décors de Santo Loquasto, formant un palais en voie de délabrement. Un régal pour les yeux.


La distribution vocale est emmenée par le splendide Figaro de Robert Gleadow, valet bondissant et truculent, ironique et mordant, jamais à court d’idées et toujours porté sur la chose. Arianna Vendittelli ne le lui cède en rien, incarnant une Susanna espiègle et rusée, aussi charmante qu’intelligente. Phillip Addis est un Comte désinvolte et cynique, mais aussi colérique et violent. Pour sa prise de rôle en Comtesse, Valentina Nafornita ne convainc qu’à moitié, tant ses deux grands airs la mettent dans l’embarras, quand bien même on admire son chant nuancé et délicat. Le Cherubino de Lea Desandre n’appelle, lui, que des éloges, avec sa superbe incarnation d’un adolescent à la découverte des émois amoureux. Les seconds rôles sont tous très bien tenus. A la tête de l’Orchestre de Chambre de Lausanne, Frank Beermann attaque l’Ouverture de manière particulièrement nerveuse et alerte, laissant d’emblée entendre que ces Noces seront bel et bien la folle journée imaginée par Beaumarchais ; par la suite, le chef n'aura de cesse de garder le tempo, soucieux de contribuer, lui aussi, au tourbillon de ce spectacle enchanteur. Que du bonheur, on vous l’avait dit !



Claudio Poloni

 

 

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