Créé en 1995 à Berkeley, I was looking at the ceiling and then I saw the sky a pour sujet les témoignages de victimes du tremblement de terre de Los Angeles en 1994. Dans une forme ramassée, John Adams confronte son langage au gospel, à la ballade rock et plus généralement au genre de la comédie musicale. Sept personnages issus de milieux sociaux et ethniques variés sont photographiés dans un quotidien définitivement bouleversé par le séisme où se côtoient la pauvreté, le racisme, la manipulation par les médias, l’immigration illégale… En ce 8 février à l'Athénée Louis-Jouvet, pour des raisons mystérieuses le personnage original de Rick l’avocat se trouve métamorphosé en Rickie, et l’œuvre est présentée dans une version légèrement raccourcie.

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I was looking at the ceiling and then I saw the sky à l'Athénée
© Hubert Amiel

La scénographie se résume à des images extraites d’une maquette disposée au sol illustrant les rues et les intérieurs. C’est simple, efficace et très adapté à ces enchaînements rapides de séquences. Le dispositif instrumental compte trois claviers, clarinette, saxophone, guitares et percussions aussi adaptés à dessiner les ostinatos millimétrés que les textures métissées jazz-rock dont la partition regorge. Les jeunes chanteurs issus du Conservatoire de Bruxelles maîtrisent à des degrés divers la technique hybride du chant lyrique et du style de Broadway : si le ténor Marc Fournier (David) n’est pas tout à fait à l’aise dans les aigus, Lionel Couchard (Dewain) possède un timbre magnifique et Lucas Bedecarrax (Mike) une agilité appréciable. Du côté des voix féminines, Sonia Sheridan Jacquelin (Tiffany) parvient à combiner précision et rondeur du médium, et ses compagnes Marie-Juliette Ghazarian (Rickie) et Natalie Oswald (Leila) ont de toute évidence les moyens de donner une certaine crédibilité vocale et scénique à leurs personnages.

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I was looking at the ceiling and then I saw the sky à l'Athénée
© Hubert Amiel

Pourtant dans cette école minimaliste où le « Less is more » est une vertu, on est un peu frustré par le manque de relief du projet, sa timidité à assumer les influences musicales étrangères à l’écriture minimaliste. La plupart des numéros demandent une certaine exubérance instrumentale pour évoquer instantanément une référence au jazz et au blues, ces solos de saxophone et de guitare électrique restent trop sagement dans leur cadre, les climax attendus n’arrivent jamais ; on reste au niveau de la citation. Autre souci, la prononciation de l’anglais est insuffisamment travaillée chez (presque tous) les protagonistes, tant au niveau des voyelles que de l’accent du mot. Les avantages d’une jeune distribution sont ainsi atténués par le manque de naturel, notamment dans les épisodes les plus animés (scène de l’arrestation) où le débit rythmique d’Adams manque de dynamisme. Quelques moments de grâce, comme le récit de Consuelo (Carole Moneuse), la réfugiée du Salvador, ou les très efficaces chœurs d’ouverture, ponctuent heureusement un ensemble trop tiède, mené sans surprise par Philippe Gérard.

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