"Hérodiade", encerclée, délaissée
Sur un thème de saison qui ne touche pas qu’au domaine lyrique, l’Opéra Flamand poursuit l’évocation de cet Orient subjectif et fascinant, présent à l’opéra depuis quatre siècles. Après "L’amour de loin" de Saariaho, "Die Enführung aus dem Serail" de Mozart et "Semiramide" de Rossini, voici "Hérodiade" de Massenet, inspiré de la nouvelle de Gustave Flaubert, refusé par l’Opéra de Paris auquel il était destiné et finalement créé à Bruxelles en 1881. Ce fut un triomphe.
- Publié le 09-02-2011 à 04h16
- Mis à jour le 09-02-2011 à 14h25
Sur un thème de saison qui ne touche pas qu’au domaine lyrique, l’Opéra Flamand poursuit l’évocation de cet Orient subjectif et fascinant, présent à l’opéra depuis quatre siècles. Après "L’amour de loin" de Saariaho, "Die Enführung aus dem Serail" de Mozart et "Semiramide" de Rossini, voici "Hérodiade" de Massenet, inspiré de la nouvelle de Gustave Flaubert, refusé par l’Opéra de Paris auquel il était destiné et finalement créé à Bruxelles en 1881. Ce fut un triomphe.
La forme n’est pas novatrice, loin s’en faut, mais Massenet y réalisa un travail approfondi sur le texte - lui laissant la priorité sur la mélodie, ce qui est en soi une petite révolution -, conféra à l’orchestre des couleurs somptueuses, notamment par un recours original au saxophone, et inscrivit le tout dans la forme spectaculaire du "grand opéra français". Même si les protagonistes - tombés tout droit des textes de l’évangile, avec Jean le Baptiste, annonçant l’arrivée de Jésus, Hérode Antipas, roi des Juifs, sous la domination romaine, son épouse Hérodiade (dont c’est le deuxième mariage) et Salomé (dont on finira par apprendre qu’elle est la fille d’Hérodiade) - sont les mêmes que dans la "Salomé" composée 23 ans plus tard par Richard Strauss (d’après la pièce d’Oscar Wilde), le jeu de rôles est totalement différent. Salomé est ici une adolescente éprise d’un amour mystique pour Jean qu’elle défendra de toutes ses forces, Hérode, épris de Salomé, est jaloux de Jean, Hérodiade, éprise d’Hérode, est jalouse de Salomé, c’est elle qui tire les ficelles (comme dans la Bible) mais elle perdra tout, y compris celle dont elle découvre qu’elle était la mère
Placée sous la direction musicale de Dmitri Jurowski (voir interview de Nicolas Blanmont dans le quotidien), la production gantoise est mise en scène par l’Allemand Joachim Schlömer (qui, pour la petite histoire, fut danseur chez Mark Morris), champion du "Regietheater" dans les plus grandes maisons d’Allemagne et à Salzbourg. La distribution est prometteuse, avec Julia Gertseva (Hérodiade), Carmen Giannattasio (Salomé), Zoran Todorovich (Jean), Philippe Rouillon (Hérode).
Opéra de Gand, du 11 au 18 février, Opéra d’Anvers du 25 février au 8 mars. Infos : 070 22 02 02 ou www.vlaamseopera.be