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La Périchole colorée sur le Paris-Lima de l’Opéra Comique

La Périchole colorée sur le Paris-Lima de l’Opéra Comique

Où était-elle donc passée ? La populaire Périchole d’Offenbach régulièrement à l’affiche avait disparu mais revient en force cette saison avec deux productions programmées. Direction l’Opéra Comique de Paris ou plutôt de Lima qui ouvre le bal. Explications…

Philippe Talbot (Piquillo), Tassis Christoyannis (Don Andrès de Rebeira), Stéphanie d’Oustrac (La Périchole), chœur les éléments / Opéra Comique © Stefan Brion

La nécessaire révolution Offenbach a bien eu lieu. Trop longtemps cantonné aux théâtres de seconde zone où l’on l’assimilait un peu rapidement à Francis Lopez, le compositeur d’opérettes, d’opéras-comiques et des Contes d’Hoffmann a eu les faveurs des musicologues qui se sont penchés sur les partitions pour exhumer quelques pièces et réhabiliter les chefs-d’œuvre. Même si elle a été à l’affiche de la Salle Favart sous l’ère Savary, La Périchole fait un retour attendu à Paris où elle sera à l’affiche également au Théâtre des Champs-Elysées en novembre 2022. Mais à tout seigneur tout honneur, c’est à l’Opéra Comique que revient la palme de la primauté avec une nouvelle production confiée à la talentueuse et multi distinguée Valérie Lesort et à une distribution idéale, a priori, entendue ce mardi 17 mai 2022 (jour de deuxième représentation).

Piquillo nigaud et drôle comme La Périchole

Philippe Talbot (Piquillo), Stéphanie d’Oustrac (La Périchole) / Opéra Comique © Stefan Brion

En confiant le rôle-titre de La Périchole à Stéphanie d'Oustrac, Comique s’assurait le concours d’une comédienne de grand talent et de la bonne tessiture vocale. La mezzo-soprano est une artiste accomplie qui enchante les mélomanes dans la tragédie lyrique baroque comme dans les répertoires plus légers (l’on se souvient de la Lazuli de L’Étoile de Chabrier, ici même). Après la déception ressentie dans Mignon d’Ambroise Thomas à l’Opéra royal de Wallonie-Liège, il est maintenant évident que l’instrument traverse une zone de turbulence. Après une succession de rôles lourds, la voix s’est épaissie en perdant de sa flexibilité. C’est d’autant plus attristant que le duo avec son partenaire Piquillo s’en trouve déséquilibré. La voix plus légère de Philippe Talbot pourrait faire merveille à chaque intervention, il faut attendre le dernier air « On me proposait d'être infâme » pour retrouver les qualités tant appréciées chez ce ténor. Fort heureusement, les comédiens s’amusent sur scène et leur jeu procure beaucoup de plaisir. Il faut voir les chanteurs pas en rythme du tout se trémousser sur "Le conquérant dit à la jeune Indienne" ou les expressions hilarantes d’un Piquillo au-delà du nigaud.

Le comportement non conventionnel des lamas du Pérou

Stéphanie d’Oustrac (La Périchole), Thomas Morris (Tarapote), danseurs, danseuses, chœur les éléments / Opéra Comique © Stefan Brion

La mise en scène tonique de Valérie Lesort met l’accent sur le versant comique avec des tableaux dansants très colorés. Un Pérou de pacotille assumé offre le décor bigarré à de nombreuses chorégraphies signées Yohann Têté qui appuient le propos. L’univers de Valérie Lesort avec toute sa fantaisie et sa créativité se retrouve dans les costumes toujours surprenants de Vanessa Sannino et les marionnettes de Carole Allemand. Les lamas cracheurs se livrant à un French kiss endiablé rejoignent la ménagerie des créatures fantastiques comme l’inoubliable José le cochon du Domino noir. Même si la metteuse en scène ne s’embarrasse de poésie ou de tendresse, elle peut compter sur le dynamisme de tous ses acteurs chanteurs, Tassis Christoyannis au premier rang. Le baryton, remarquable récitaliste ailleurs, s’en donne à cœur joie dans le rôle du libidineux et truculent Don Andrès de Ribeira. A ses côtés, Eric Huchet (Don Miguel de Panatellas) et Lionel Peintre (Don Pedro de Hinoyosa) composent des personnages également hauts en couleur. Il convient de citer les trois cousines (Marie Lenormand, Lucie Peyramaure, Julie Goussot), le notaire (Quentin Desgeorges) et l’inénarrable Thomas Morris (Premier notaire/Tarapote/le vieux prisonnier) qui contribuent tous à la cohérence d’un spectacle enthousiasmant. L’impeccable chœur Les éléments comme l’Orchestre de Chambre de Paris remplissent leur office même si la direction musicale de Julien Leroy aurait gagné à être plus légère avec un petit grain de folie qui manque ici. Ne boudons pas notre plaisir, La Périchole de l’Opéra Comique a bien des attraits que seuls quelques collets montés ne sauraient apprécier.

Piquant Barbier franco-italiano-sévillan au Capitole de Toulouse

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Cyrille Dubois et Tristan Raës, beautés franco-allemandes aux Invalides

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