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Orphée et Eurydice de Gluck/Berlioz en version de concert au Festival d’Aix 2022 – Emotion maximale – Compte-rendu

Orphee Eurydice Aix 2022
 
En octobre 2018, à l’Opéra-Comique, Raphaël Pichon et Aurélien Bory mettaient en œuvre un Orphée et Eurydice de Gluck dans la version remaniée par Hector Berlioz en 1859. Les représentations, encensées par la critique, obtenaient un énorme succès (1) auquel étaient associés Mariane Crebassa, Hélène Guilmette, Lea Desandre et les Pygmalion, chœur et orchestre – une production dont un DVD préserve heureusement le souvenir.(2) Une partition qui a encore fait frissonner le public réuni au Grand Théâtre de Provence pour le dernier rendez-vous du Festival 2022.
 
Passer de l’Idomeneo de Mozart (3) à un Gluck revu par Berlioz ne pose visiblement pas de problèmes à Raphaël Pichon et ses troupes. Difficile de trouver les mots justes pour dire ce qui relève de l’émotion au sortir d’une version de concert accompagnée d’un minimum de mise en espace et de travail des lumières ; minimum mais qui a fait le maximum. Puis il y a la direction, sans baguette, ample, sensuelle, précise et suivie rigoureusement par tous les protagonistes. Pichon ne dirige pas, il sculpte, il peint, donne leurs couleurs et des formes aux forêts obscures, aux Champs élyséens, aux enfers ; il arrive à faire travailler notre imaginaire, à activer la petite machine à fantasmes et à images qui habite nos cerveaux. De la magie, du grand art ...
 
orphee eurydice aix

Emily d'Angelo (Orphée) © Vincent Beaume

Pour parvenir à ce résultat, Raphaël Pichon sait qu’il peut compter sur ce qui se fait de mieux pour donner cette musique. L’orchestre frise la perfection et offre des couleurs dans lesquelles le chef plonge son pinceau ; de l’éclat maîtrisé des cuivres aux accents voluptueux des cordes, en passant par des bois lumineux. Mêmes compliments appuyés pour le chœur : il excelle à tous les pupitres et d’une forêt obscure à l’autre, en passant par les furies infernales, n’appelle aucune réserve.
 
On saluera enfin l’exceptionnel trio de solistes réuni pour l’occasion. La mezzo canadienne Emily D’Angelo, look idéal, incarne Orphée avec tout le désarroi propre au personnage ; son interprétation sensible et dramatique touche la cible émotionnelle en plein cœur. Sabine Devieilhe, annoncée souffrante, incarne une Eurydice sensible, douce et en proie à un doute qui deviendra mortel. Quant à Lea Desandre, comme en 2018  à la salle Favart, elle est un Amour délicat.
Il ne restait à Raphaël Pichon qu’à profiter des qualités des uns et des autres ; il l’a fait, comme souvent. Alors, afin que la musique soit toujours aussi belle et puissante, longue vie à Pichon !
 
Michel Egéa

(1)   www.concertclassic.com/article/orphee-et-eurydice-de-gluck-version-berlioz-lopera-comique-au-coeur-du-drame-compte-rendu

(2)  1 DVD Naxos – Opéra-Comique – Fra Prod Cinéma
 
(3)  www.concertclassic.com/article/idomeneo-re-di-creta-de-mozart-selon-satoshi-miyagi-au-festival-daix-en-provence-2022
 
Gluck/Berlioz : Orphée et Eurydice (version de concert)Aix, Grand Théâtre de Provence, 21 juillet 2022.
 
 
Photo © Vincent Beaume

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