Mahagonny de Weill sauvé de l'ennui par les voix et l'orchestre à l'Opera Ballet Vlaanderen

Xl_grandeur_et_d_cadence_de_la_ville_de_mahagonny___l_opera_ballett_vlaanderen © Annemie Augustijns

Seulement six ans après la tristement régressive mise en scène de Calixto Bieito, l’Opera Ballet Vlaandeen remet Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny de Kurt Weill à son affiche, dans une nouvelle production signée par le trublion belge Ivo van Hove, qui avait été étrennée il y a trois ans au Festival d’Aix-en-Provence, manifestation coproductrice du spectacle avec la maison flamande. Notre collègue Alain Duault avait alors vu et minutieusement décrit le spectacle, et peu goûté – à l’instar de votre serviteur – le procédé scénique maintenant rebattu et blasant du film tourné en direct et transposé sur un écran géant planté au milieu de la scène. Cet  unique élément de scénographie, dont on se lasse très vite, n’apporte rien à l’ouvrage.

Par bonheur, la distribution vocale convainc. La Begbick de Maria Riccarda Wesseling joue avec bonheur les vamps sur le retour. Chantant scrupuleusement toutes les notes, elle évite de mettre trop en avant son mezzo ambré dans ce rôle de vieille entremetteuse. La Jenny de Katharina Persicke possède également une belle présence, et surtout le rayonnement et la sensualité dont son personnage ne peuvent faire l’économie. Et elle délivre de surcroit quelques aigus d’un superbe aplomb dans le fameux « Alabama song ». Le ténor robuste et superbement timbré du chanteur américain Leonardo Capalbo n’a pas de peine à briller en Jim, d’autant qu’il est un comédien hors-pair. Enfin, Zachary Altman incarne un parfait Moses face au percutant Fatty de James Kryshak, tandis que le chœur maison brille par son engagement autant que sa précision.

En fosse, le chef argentin Alejo Perez transforme son Orchestre Symphonique de l’Opéra Ballet des Flandres en bateleurs de saloon, bourrés de talent et d’énergie vitale. La phalange flamande joue les caméléons en abordant, avec une feinte décontraction, les nombreux styles que Weill s’est plu à parodier, tout en recherchant d’inattendus alliages de sonorités racoleuses, afin de donner le maximum de punch à son accompagnement. 

Une fois de plus, musique et voix sauvent la soirée de l'ennui !

Emmanuel Andrieu

Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny à l’Opera Ballet Vlaanderen, jusqu’au 18 novembre 2022

Crédit photographique © Annemie Augustjins

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