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Un grand Nabucco revisité aux Arènes de Vérone

Un grand Nabucco revisité aux Arènes de Vérone

Nabucco de Verdi est l’un des grands titres spectaculaires et incontournables du Festival des Arènes de Vérone. La tradition est entretenue depuis bientôt 100 ans avec des mises en scène grandioses mais pas toujours abouties. Explications…

Nabucco / Arena di Verona © Foto Ennevi

Nuages gris et fausses informations sur les applications Météo des smartphones ont fait craindre le pire. Une annulation pour cause de mauvais temps est toujours possible au Festival dell'Arena di Verona et particulièrement regrettable lorsqu’il s’agit d’un opéra phare de la grandiose manifestation, le Nabucco de Verdi. Ce samedi 3 septembre 2022, les festivaliers étaient fort nombreux au parterre et sur les gradins de l’amphithéâtre romain pour assister à la représentation du chef-d’œuvre dans la mise en scène récente d’Arnaud Bernard. Créée en 2017, elle a remplacé la vison plus traditionnelle de Gianfranco de Bosio très souvent à l’affiche des arènes. Les nuages dissipés, une annonce aurait pu assombrir la soirée malgré tout car Maria José Siri, attendue dans le rôle central d’Abigaille était déclarée indisposée. Une autre artiste a pris sa place.  

Au théâtre dans le théâtre ce soir !

Nabucco / Arena di Verona © Foto Ennevi

La soprano Daniela Schillaci n’est pas tout à fait une inconnue en Italie où elle mène la plus grande partie de sa carrière. Son entrée fracassante nous rassure, la représentation sera sauvée grâce à l’artiste qui, malgré un timbre un peu acide, possède suffisamment de véhémence pour assurer sa partie. L’air « Ben io t’invenni, o fatal scritto! » est chanté avec soin malgré quelques problèmes de justesse qui s’estompent dans la cabalette. Après une distribution décevante dans le Turandot de la veille, les grandes voix entendues ce soir renouent avec la tradition de beau chant du Festival des Arènes de Vérone, le problème est ailleurs. En choisissant une transposition dans l’Italie d’avant le Risorgimento, l’on comprend l’intention du metteur en scène qui bâtit son spectacle avec une grande scène en point de mire. Nabucco n’est plus Roi de Babylone mais un officier autrichien oppresseur, Zaccaria un partisan de V.E.R.D.I et tutti quanti… Tout prend sens au dernier acte quand le décor pivote découvrant l’intérieur du Teatro alla Scala, le soir même de la création du Nabucco. L’effet saisissant ravit le public de Vérone qui applaudit l'impressionnante scénographie d'Alessandro Camera. Même si les cinéphiles se souviennent du Senso de Visconti, les mélomanes qui suivaient l’intrigue jusque-là commencent à tiquer lorsqu’ils retrouvent leurs personnages en costumes bibliques, nouveaux héros de l’opéra de Verdi dans le texte !

Nabucco autrichien, biblique et légendaire

Luca Salsi - Nabucco / Arena di Verona © Foto Ennevi

Il faut un sacré métier à Luca Salsi pour rester crédible en officier puis en roi déchu et continuer à émouvoir malgré tout. Le baryton délivre une leçon de beau chant avec une italianité et un style exemplaires. La ligne vocale de ce grand Nabucco se savoure jusqu’à la dernière note. Avec moins de noblesse, Rafał Siwek en Zaccaria impose tout de même un personnage brut malgré quelques graves peu audibles. Perdues dans d’incessants mouvements de foule à grand spectacle mais dramatiquement superflus, les amours de Fenena et d’Ismaele arrivent à prendre vie grâce aux jeunes Vasilisa Berzhanskaya et Riccardo Rados. Quoiqu’hésitante au début, la voix du ténor laisse deviner un futur verdien tandis que la mezzo enchante avec un timbre chaud bien marqué et des moyens que l’on a hâte d’apprécier dans d’autres rôles. Moins présents sur scène, Adolfo Corrado (Il Gran Sacerdote di Belo) et Giacomo Leone (Abdallo) se font remarquer aisément grâce à leurs interventions sonores. L’un des principaux acteurs de Nabucco est bien évidemment le chœur qui vaudrait à lui seul le déplacement à Vérone. Entendre sur la plus grande scène à ciel ouvert d’Europe le « Va pensiero » est une expérience inoubliable qu’il faut vivre au moins une fois dans sa vie. A la tête de l’orchestre, Daniel Oren (secondé par Ulisse Trabacchin pour le chœur) obtient d’évidentes couleurs verdiennes d’une formation idéalement rompue à l’exercice. La saison 2023 marquera le centième anniversaire du prestigieux Festival qui, après la transposition d’Arnaud Bernard, rappelle la mise en scène du Nabucco signé Gianfranco de Bosio dans la plus pure tradition.

Nabucco / Arena di Verona © Foto Ennevi

Aida en son monumental royaume aux Arènes de Vérone

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Dernière Turandot des 99 ans décevante aux Arènes de Vérone

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