Au Théâtre des Champs-Elysées, une réjouissante Fille du régiment

- Publié le 11 avril 2023 à 11:07
La Fille du régiment
Proposer La Fille du Régiment en version concert avec l’Orchestre de la Garde républicaine : voilà une idée plutôt originale, due aux efforts conjoints des Grandes voix et de Jeanine Roze Production. Et le succès fut au rendez-vous, grâce à une belle équipe d’artistes dont l’enthousiasme et le naturel compensait largement l’absence de mise en scène.

Le plateau est dominée par la présence lumineuse de la pétulante Jodie Devos, timbre d’argent et projection impeccable : difficile de trouver une Marie plus fraîche, souriante, taquine. La soprano, qui vient de faire paraître un album d’opéra-comique (« Bijoux Perdus », Alpha), est parfaitement à son aise dans ce registre. Mais elle pourra encore gagner en expressivité, la virtuosité prenant parfois le pas sur l’émotion, ses « cantabile » manquant un peu de relief et de nuances.

Sahy Ratia est un Tonio élégant et stylé, à la prononciation excellente, et à l’aspect tout aussi juvénile que sa Marie – le duo «  Quoi, vous m’aimez » fonctionne d’ailleurs à merveille. Si les contre-ut sont au rendez-vous, cette voix très légère manque un peu d’étoffe : le « Pour me rapprocher de Marie » pourrait être plus coloré et charnu.

Excellents comprimari

Doris Lamprecht campe une truculente Marquise de Berkenfield, tandis que Marc Labonnette offre son chaleureux baryton à un parfait Sulpice, bonhomme et sympathique, sans tomber dans la bouffonnerie. Aux côtés de tous les excellents comprimari, on ne boude pas le plaisir de retrouver Dame Felicity Lott en Duchesse de Crakentorp aussi aristocratique que cocasse.

Les superbes Chœurs de l’Armée française s’amusent beaucoup à jouer les militaires napoléoniens, rejoints par le Chœur de femmes de la Maîtrise Notre-Dame de Paris. Sous la baguette d’Hervé Niquet, l’Orchestre de la Garde Républicaine savoure l’occasion qui lui est offerte d’aborder le répertoire lyrique, avec enthousiasme, générosité et bon goût (malgré quelques décalages ponctuels avec les chanteurs). Cuivres rutilants et percussions s’en donnent bien sûr à cœur joie (rarement a-t-on eu l’occasion d’entendre une caisse claire aussi virtuose !), le son des cordes est rond et chaleureux, jusqu’au premier violoncelle qui se distingue par un très beau solo introduisant l’air de Marie.

Soirée brillante, amusante et sans lourdeur, à l’image de l’opéra-comique de Donizetti à qui tous ces artistes ont fait véritablement honneur.

La Fille du Régiment de Donizetti. Paris, Théâtre des Champs-Elysées, le 5 avril.

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