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"Le bel canto n'était couvert ni par l'Opéra-Comique ni par l'Opéra de Paris"

Directeur d'un Théâtre des Champs-Elysées flambant neuf, il dévoile ses projets.

Propos recueillis par Propos recueillis par Renaud Machart et Marie-Aude Roux

Publié le 10 novembre 2011 à 16h52, modifié le 10 novembre 2011 à 16h52

Temps de Lecture 3 min.

Nommé en 2008 à la tête du Théâtre des Champs-Elysées (TCE), Michel Franck (54 ans), a pris ses fonctions en 2010 pour un mandat de cinq ans. Cet héritier des magasins de confection Franck & Fils a fait ses classes auprès de Jeanine Roze, dont il administre les fameux Concerts du dimanche matin dès 1978. Il deviendra son associé dans la production de concerts en 1995, après que l'entreprise familiale, dont il était directeur général, fut cédée en 1994 au Bon Marché. C'est à ce titre que ce découvreur de talents, amateur de voix, fournissait une partie des concerts au TCE. Celui-ci, propriété de la Caisse des dépôts (qui fournit 7 des 19 millions d'euros du budget global), rouvre ses portes après quelques mois de travaux. Michel Franck s'explique.

Vous présentez une saison tronquée par d'importants travaux...

Nous ne proposons, en effet, que 160 levers de rideau au lieu des 230 habituels. Mais ces travaux étaient nécessaires. Après une amélioration de l'acoustique en 2005 - installation d'un plancher en bois, d'une nouvelle conque sur le plateau -, il nous fallait garantir la polyvalence de la salle entre concerts symphoniques et productions lyriques. Je me demandais comment la fosse avait pu accueillir en 1913 la création du Sacre du printemps de Stravinsky, et ses 92 instrumentistes, alors qu'avant travaux elle n'en pouvait contenir qu'une petite soixantaine. Après avoir récupéré cet espace grignoté par les aménagements successifs, nous nous sommes donc attelés à la restauration des dessous en remplaçant le système des élévateurs et, à l'aide de structures légères et démontables, en simplifiant les changements de configuration du plateau, des gradins d'orchestre au plancher lyrique.

Depuis votre arrivée, que vous placiez sous le signe de la continuité, de nouvelles orientations apparaissent. La plus flagrante est l'ouverture au bel canto...

Cette année, nous affichons effectivement Donizetti (Don Pasquale) et, en version de concert, Les Capulet et les Montaigu de Bellini, le premier Verdi avec Oberto... C'est un répertoire qui n'est couvert ni par l'Opéra-Comique, ni par l'Opéra de Paris, encore moins par le Châtelet, qui est devenu le chantre de la comédie musicale.

Certains s'étonnent que l'opéra baroque ne soit plus si bien servi... Et aussi que vous programmiez Wagner...

La Didone, de Cavalli, avec William Christie, Giulio Cesare et Theodora, d'Haendel, Farnace et Giustino de Vivaldi, l'Orfeo de Monteverdi... C'est peu ? La musique baroque est encore présente, ce d'autant qu'elle a toujours le vent en poupe : ce sont les concerts qui se remplissent en premier. Quant à Wagner, je ne vois pas pourquoi j'exclurai ce compositeur, qui est un de mes favoris, alors que nous avons les moyens de l'accueillir... Je précise aussi que je tiens à présenter de l'opéra contemporain comme, la saison dernière, Passion, de Pascal Dusapin.

Vous avez dit que vous n'auriez jamais l'audace d'un Gérard Mortier imposant à l'Opéra de Paris des metteurs en scène dont le radicalisme peut rebuter une partie du public...

...Car le public du Théâtre des Champs-Elysées, composé pour une bonne moitié de personnes aisées habitant les beaux quartiers de l'Ouest parisien, ne suivrait pas. Je constate d'ailleurs que les versions d'opéra en concert se vendent toujours plus vite que les représentations scéniques ! Mais pas question pour autant de favoriser le conventionnel ! Je suis heureux de proposer une Flûte enchantée de Mozart, mise en scène par William Kentridge, qui n'est pas précisément frileuse.

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Le TCE et la Salle Pleyel semblent concurrentes en matière d'orchestres invités...

Pas vraiment. Pleyel reçoit la Philharmonie de Berlin, le TCE celle de Vienne. Laurent Bayle (le directeur de Pleyel) privilégie les artistes établis et vendeurs, alors que je veux penser avant tout aux jeunes chefs en lesquels je crois depuis longtemps : Yannick Nézet-Séguin et Andris Nelsons, par exemple. Ils ne sont pas à la tête de formations reconnues comme vedettes - la Philharmonie de Rotterdam pour le premier, le Symphonique de Birmingham pour le second -, mais leur travail m'a depuis longtemps passionné. Ils occupent des mini-résidences au TCE.

Mais vous accueillez en résidence permanente l'Orchestre national de France...

Il a sa propre saison de concerts et est locataire de la salle. En contrepartie de cette exclusivité, nous pouvons leur demander la participation gracieuse à deux productions lyriques par an. Cette année, l'ONF jouera Oberto de Verdi.

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