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Rusalka à Karlsruhe, un banal drame contemporain

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Karlsruhe. Landestheater. 23-VI-2023. Antonín Dvořák (1841-1904) : Rusalka. Mise en scène : Katharina Thoma ; décor et costumes : Verena Hemmerlein. Avec : Rodrigo Porras Garulo (Prince) ; Barbara Dobrzanska (Princesse étrangère) ; Dorothea Herbert (Rusalka) ; Vazgen Gazaryan (Ondin) ; Gundula Hintz (Ježibaba) ; Wolfgang Schwaiger (Garde-chasse) ; Florence Losseau (Garçon de cuisine) ; Katharina Ruckgaber, Florence Losseau, Jasmin Etminan (Nymphes) ; Merlin Wagner (Chasseur). Chœur de l’Opéra de Karlsruhe ; Badische Staatskapelle, direction : Johannes Willig

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Scéniquement décevante, la soirée voit d'abord le triomphe de ses interprètes masculins, et .

Il y a presque un quart de siècle, quand l'Opéra de Paris affichait pour la première fois Rusalka, l'opéra de Dvořák était encore une rareté absolue hors de son pays de naissance, qu'on ne montait que pour y mettre en valeur l'étoile du moment, Renée Fleming notamment. Qui aurait pu imaginer qu'il serait aussi présent sur toutes les scènes que ce printemps ? Rien que pour ce mois de juin, il est sur scène à la Scala, l'Opéra d'Amsterdam lui a fait bénéficier du luxe orchestral du Concertgebouw, et l'Opéra-Théâtre de Metz s'y est mis aussi. La nouvelle production du théâtre de Karlsruhe vient un an après celle de l'autre capitale lyrique du Bade-Wurtemberg : à Stuttgart, la lecture audacieuse de Bastian Kraft avait produit un spectacle d'une force stupéfiante, dont on se souviendra longtemps et qu'on espère revoir souvent. Le spectacle de est beaucoup plus convenu, sans aller jusqu'à tomber dans l'esthétique conte de fées : il s'ouvre par une scène de viol, dont on peut supposer qu'elle a pour fonction d'expliquer le traumatisme de Rusalka, ce qui n'est pas très subtil, voire problématique, comme si cette expérience initiale pouvait expliquer le comportement du prince ; pour la suite, une esthétique qui se veut ultra-contemporaine ne suffit pas à construire une narration, et surtout cela ne remplace pas une direction d'acteurs très sommaire. Comment peut-on tirer un si faible parti de la scène du bal du deuxième acte, moment fort de toutes les mises en scène de Rusalka qu'on a pu voir ?

Le spectacle de Karlsruhe, du moins, est musicalement supérieur à celui de Stuttgart, notamment à l'orchestre, dirigé par , beaucoup plus favorable aux chanteurs et plus mesuré dans la construction musicale et dramatique de la soirée. On regrette beaucoup la décision de couper la scène mi-comique mi-effrayante du troisième acte, où Ondin et sorcière s'unissent face à la sottise cruelle du garçon de cuisine et du garde-chasse, essentielle au drame. La Rusalka de manque de projection, mais reste souvent émouvante ; la Sorcière et la Princesse étrangère, de même, ne tirent pas tout ce qu'elles pourraient de leur rôle, l'une un peu éteinte, l'autre différenciant trop peu les moments insinuants de séduction et le triomphe de son œuvre destructrice. Le meilleur de la soirée est donc à chercher du côté des rôles masculins : l'Ondin, , est remarquable de présence, de beauté vocale et d'émotion ; plus encore, le Prince de est idéal, avec un mélange savamment dosé de vaillance et de lyrisme, déchirant dans l'émotion finale de sa mort.

Photos : © Felix Grünschloß

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Karlsruhe. Landestheater. 23-VI-2023. Antonín Dvořák (1841-1904) : Rusalka. Mise en scène : Katharina Thoma ; décor et costumes : Verena Hemmerlein. Avec : Rodrigo Porras Garulo (Prince) ; Barbara Dobrzanska (Princesse étrangère) ; Dorothea Herbert (Rusalka) ; Vazgen Gazaryan (Ondin) ; Gundula Hintz (Ježibaba) ; Wolfgang Schwaiger (Garde-chasse) ; Florence Losseau (Garçon de cuisine) ; Katharina Ruckgaber, Florence Losseau, Jasmin Etminan (Nymphes) ; Merlin Wagner (Chasseur). Chœur de l’Opéra de Karlsruhe ; Badische Staatskapelle, direction : Johannes Willig

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