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Le roi et elle(s)

Lambert Wilson dans la peau d'un roi tout-puissantet polygame. Marie-Noëlle Robert-Théâtre du Châtelet

La comédie musicale de Rodgers et Hammerstein II The king and I voit Lambert Wilson en roi de Siam et Susan Graham en Anna.

Lambert Wilson traverse la scène délimitée par d'immenses panneaux laqués or derrière lesquels les toits de Bangkok se découpent en ombres chinoises. Torse nu, une cape de velours violine brodée d'argent jetée sur ses épaules, dans un somptueux cérémonial, il s'agenouille devant un ch½ur d'Asiatiques, pour réciter la prière à Bouddha «et cetera, et cetera». Il est le roi de Siam Rama IV, alias Mongkut, qui recruta en 1862 une institutrice anglaise, Anna Leonowens, soucieux de donner à ses enfants, nés de ses 600 femmes, les rudiments d'une éducation moderne. Elle écrivit ses Mémoires - l'aventure était singulière! -, Margaret Landon les romança pour Anna et le roi de Siam, deux ouvrages qui restèrent longtemps censurés dans le royaume. Rodgers et Hammerstein, avec Jerome Robbins à la chorégraphie, en firent un des best-sellers de la comédie musicale, comme Carousel ou Sound of Music, déjà présentés au Châtelet - son directeur, Jean-Luc Choplin, s'attache à remonter somptueusement l'âge d'or de la comédie musicale. Ses tubes comme Shall We Dance? ou Hello Young Lovers restent célèbres. Yul Brynner accapara le rôle du roi, qu'il interpréta au cinéma et sur scène environ 4 630 fois, entre 1951 et sa mort, en 1985. Rudolf Noureev lui succéda brièvement.

Lambert Wilson aujourd'hui recompose complètement le personnage: «Je n'ai vu le film qu'une seule fois et ne souhaite pas y revenir, dit-il. Je lis l'½uvre et me renseigne sur le vrai personnage. La pièce est subtile: le roi est déchiré entre raison d'État et bonheur privé. Il se heurte aux contradictions du milieu dont il est issu, machiste et esclavagiste, aux antipodes des valeurs qu'il recherche.» Et d'analyser: «Le Roi et moi est un drame politico-romantique; son héros est un personnage d'une candeur drolatique, qui a des accès de colère extravagants et dignes d'un enfant.» Le comique naît de ce décalage et de la confrontation entre ce roi tout-puissant et polygame, auquel l'institutrice anglaise assène ses quatre vérités.

Institutrice anglaise

Ladite institutrice est interprétée par Susan Graham. En tant que citoyenne d'Amérique, la cantatrice se délecte de figurer dans un classique de Rodgers et Hammerstein. «J'ai l'impression de retourner à la maison», dit- elle. Devenue une gloire de l'opéra, elle n'a pas interprété de comédie musicale depuis ses 18 ans. Elle garde sur scène, coincée dans la paume, un rouleau de Post-it orange sur lesquels elle a consigné son texte d'une petite écriture serrée. «Il y a tellement, tellement de texte. Dans l'opéra, une idée, une émotion peut durer sept minutes. Ici, en disant les répliques, on passe d'une émotion à l'autre sans le filet de la musique. En outre, il faut s'installer dans le parlé-chanté, qui est si particulier», dit la cantatrice, qui pousse parfois une trille entre deux répliques. Malgré la difficulté de l'exercice, elle y prend goût. Au point d'avouer qu'elle aimerait ensuite chanter l'autre musical, Kiss Me Kate. «Le personnage d'Anna me fait penser à Hillary Clinton… sauf qu'elle est terriblement émotive et ne sait pas tenir sa langue.»

«The king and I», Théâtre du Châtelet, Place du Châtelet (IVe). Tél.: 01 49 28 28 40. Dates: du 13 au 29 juin. Places: de 10 à 90 ¤.


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