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Les Mousquetaires au Couvent, la dernière fantaisie de Jérôme Deschamps

Ici, «le théâtre parlé se mêle au théâtre chanté»,explique le chef d'orchestre Laurent Campellone. Marc Vanappelghem

Le directeur de la salle Favart met en scène le texte de Louis Varney, dernière production d'un mandat brillantissime, qui aura remis l'Opéra Comique sur les rails de son histoire.

Trente-six années séparent la publication du best-seller d'Alexandre Dumas et la création de ces Mousquetaires au couvent. Trente-six ans, c'est aussi l'âge du chef d'orchestre et compositeur, alors en poste à l'Athénée-Comique, lorsque le directeur des Bouffes Parisiens vient le trouver pour lui proposer d'adapter en musique, dans le goût des opérettes alors en pleine faveur, ce vaudeville d'Amable de Saint-Hilaire et Paul Duport qui sommeillait dans sa bibliothèque depuis près d'un demi-siècle. Une heureuse coïncidence qui explique le caractère de délicate irrévérence dont se pare cet ouvrage qui enterrera Offenbach et s'exportera jusqu'à Rome, Vienne et même Saint-Pétersbourg.

Car, de l'audace, il en fallait pour ramener cette «histoire de fantaisie», comme se plaît à la décrire Jérôme Deschamps, sur le devant de la scène. Certes, Les Trois Mousquetaires avaient fait ressurgir, dans l'inconscient collectif et la culture populaire française, la fascination pour le corps d'élite de Louis XIII. Mais en mars 1880, la censure des théâtres exclut encore la représentation, sur les planches, des hauts gradés militaires. De même que les couvents de femmes sont encore regardés comme la charmille vénérable et respectueuse où l'on assure l'éducation des jeunes filles, dont l'État n'acceptera de prendre la charge que quelques mois plus tard, suivant les recommandations d'un certain Jules Ferry.

Porte ouverte vers le bonheur

Même si l'intrigue de départ de Saint-Hilaire et Duport usait du stratagème du travestissement (un fantassin de Richelieu, épris d'une pensionnaire des Ursulines, entraîne ses camarades de régiment déguisés en pèlerins au couvent), l'alliance sur scène du militaire et du religieux avait donc tout du cocktail explosif. Une insolence à laquelle Jérôme Deschamps, qui livrera ici sa dernière mise en scène en tant que patron de l'Opéra Comique, entend bien rester fidèle. «On a trouvé un écho à l'impertinence du livret et des personnages dans des expressions d'aujourd'hui», concède-t-il. Car dans ce petit bijou de Varney, qui doit aussi beaucoup au talent des librettistes et adaptateurs Jules Prével et Paul Ferrier, «le théâtre parlé se mêle au théâtre chanté», explique le chef d'orchestre Laurent Campellone, en charge de remettre ce compositeur oublié sur les rails de l'histoire. D'où l'importance d'avoir à ses côtés «un metteur en scène qui ne traite pas la musique comme une garniture des choses théâtrales».

Il peut compter sur Jérôme Deschamps. Au fil de son mandat, l'homme de théâtre a eu tout loisir de prouver quel fin mélomane il était. Ayant relevé le défi de remettre, pour reprendre ses propres mots, «sur les rails de son histoire» un établissement qui a gardé en mémoire un raffinement comique typiquement français, et «une porte ouverte vers le bonheur». Une élégance et une invention qui transparaissent dans la musique même de Varney, qui «retranche pour aller à l'essentiel, donne une impression d'évidence mais est en fait extrêmement travaillée», plaide Laurent Campellone. Ce dernier, au pupitre de l'orchestre de l'Opéra de Toulon, pourra s'appuyer sur une belle distribution française, enlevée par le vaillant Sébastien Guèze et la charmante Anne-Marine Suire, sortie de l'Académie de l'Opéra Comique.

Les Mousquetaires au Couvent ,Opéra Comique, Place Boieldieu (IIe).Tél.: 0 825 01 01 23. Dates: du 13 au 23 juin. Places: de 6 à 120 €.

Les Mousquetaires au Couvent, la dernière fantaisie de Jérôme Deschamps

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1 commentaire
  • Realpolitic

    le

    Se moquer sur scène du militaire et du religieux (catho) n'est plus vraiment une insolence de nos jours.

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