Capitole de Toulouse : qui a voulu tuer le ténor ?

- Publié le 9 février 2021 à 16:46
Photo : Wikipédia
C'est à cette question que devra répondre la justice, après un incident qui aurait pu coûter la vie à Robert Dean Smith en 2015, lors d'une représentation du Tristan et Isolde de Wagner.

La scène se passe en janvier 2015. Au dernier acte de Tristan et Isolde, alors que la princesse irlandaise chante sa Liebestod, Tristan gît à terre. Un gros rocher de carton-pâte descend peu à peu des cintres au-dessus du chanteur, pour symboliquement l’engloutir. Mais ce soir-là, la symbolique a failli tourner au drame. Car au lieu d’arrêter sa chute à quelques dizaines de centimètres du chanteur, comme le prévoit la mise en scène du regretté Nicolas Joel, le lourd rocher de 200 kilos continue sa course. Le ténor Robert Dean Smith a juste le temps d’effectuer un roulé-boulé pour se dégager et ne pas être écrasé, provoquant l’hilarité d’une partie du public, qui ne comprend pas que l’on vient d’échapper à un grave accident.

Différend avec un collègue

Accident ou meurtre ? Car une fois le rideau baissé, chacun s’interroge sur les raisons de ce fâcheux dysfonctionnement. « Le créateur du logiciel qui gère les décors, la société australienne Stateautomotion, envoie à Toulouse un de ses ingénieurs », expliquait il y a deux jours La Dépêche du midi. « Il se montre précis : seule une intervention humaine a pu modifier la descente de l’imposant décor. »

La mairie de Toulouse, dont dépend le Théâtre du Capitole, décide donc de porter plainte. Puis une enquête est diligentée, désignant un suspect : Nicolas S. un machiniste aujourd’hui âgé de 42 ans qui aurait eu les connaissances nécessaires pour saboter le logiciel. Son mobile ? Un différend avec un collègue dont il aurait voulu se venger.

Un maximum de 5 ans de prison

Cinq ans après les faits, l’instruction est terminée. Elle a démontré que Nicolas S. se trouvait bien dans les murs du théâtre quand la manipulation diabolique a été effectuée. Il devra donc comparaître devant le tribunal correctionnel, pour avoir « entravé ou faussé le fonctionnement d’un système de traitement automatisé des donnés » et « frauduleusement modifié des données dans un système de traitement automatisé des données », rapporte La Dépêche du midi, qui précise aussi que ces deux délits sont « passibles d’un maximum de 5 ans de prison et 150.000 € d’amende ».

Interrogé par le même journal, l’avocat de Nicolas S. contre-attaque : « Quel est le mobile ? Son conflit avec un de ses collègues ? Cela date de 2013 et le tribunal l’a reconnu victime. Cela ne résiste pas à une analyse sérieuse de ce dossier qui montre, en revanche, que certaines questions n’ont pas été posées. Notamment l’absence d’une répétition technique le matin de la représentation. Elle est systématique sauf ce matin-là. Pourquoi ? » La défense plaidera donc la relaxe, lors d’un procès pour lequel aucune date n’a à ce jour été annoncée.

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