En 2022-2023, le Théâtre des Champs-Élysées parie sur ses « fondamentaux »

- Publié le 23 mars 2022 à 11:12
Le théâtre des Champs-Élysées
Opéra et oratorio, symphonique, récitals de chant, musique de chambre, piano, danse… Le joyau Art déco de l’avenue Montaigne annonce 183 levers de rideau pour la 13e saison programmée par Michel Franck.

L’an dernier à la même époque, s’espérant sorti du Covid ou en voie de l’être, Michel Franck annonçait une saison « flamboyante » au Théâtre des Champs-Élysées. « J’étais rempli d’espoir que la pandémie touche à sa fin […] et que la vie allait reprendre une forme de normalité. Nous savons ce qu’il en est aujourd’hui, et évidemment cela interroge », écrit-il dans l’éditorial de la brochure de la saison 2022-2023, sa treizième. Si le bateau amiral de la musique et de la danse dans l’ouest de la capitale a su traverser la crise sanitaire, « nombre de nos fondamentaux sont là la saison prochaine pour stabiliser notre navire », espère Michel Franck.

Les Siècles en résidence

Pour cela, il pourra s’appuyer sur des artistes phares. Déjà présents dans la fosse du TCE en octobre dernier pour la reprise de Pelléas et Mélisande, François-Xavier Roth et Les Siècles s’installent pour une résidence au long cours. Le chef et son orchestre sur instruments d’époque assumeront l’une des cinq productions lyriques mises en scène, associant Le Rossignol de Stravinsky et Les Mamelles de Tirésias de Poulenc : un spectacle d’Olivier Py bénéficiant d’un plateau vocal relevé (Sabine Devieilhe, Laurent Naouri, Jean-Sébastien Bou, Lucile Richardot…). Et ce n’est pas tout : notre fine baguette française dirigera aussi les trois « ballets russes » de Stravinsky (L’Oiseau de feu, Petrouchka, Le Sacre du printemps) ainsi qu’une soirée viennoise, fêtera les vingt ans des Siècles et donnera Le Vaisseau fantôme de Wagner en version concertante. Sans compter les concerts en famille et scolaires, les rencontres et ateliers avec des musiciens…

Marc Minkowski (à la tête de ses Musiciens du Louvre) et Laurent Pelly reformeront leur duo rôdé chez Offenbach dans une Périchole à la distribution haut de gamme (Marianne Crebassa, Stanislas de Barbeyrac, Alexandre Duhamel, Chloé Briot…). Autre nouvelle production : une Bohème de Puccini confiée à un metteur en scène et décorateur au goût sûr, Éric Ruf, avec la sensation polynésienne Pene Pati en Rodolfo et le jeune chef Lorenzo Viotti aux commandes du National. Une reprise (Orphée et Erydice de Gluck vu par Robert Carsen, direction Thomas Hengelbrock) et le désormais attendu « opéra participatif jeune public » (Une Cenerentola d’après Rossini, avec Alphonse Cemin dans la fosse et Daniele Menghini à la mise en scène) complètent le bouquet de propositions scéniques.

Le baroque français à l’honneur

Parmi la vingtaine d’opéras en concert et oratorios à l’affiche – une spécialité maison –, les XVIIet XVIIIe siècles français sont particulièrement à l’honneur : Christophe Rousset dirigera le Thésée de Lully, Véronique Gens aura l’occasion de briller dans la Médée de Marc-Antoine Charpentier (sous la direction d’Hervé Niquet) comme dans Castor et Pollux (avec les forces hongroises du Purcell Choir et de l’Orfeo Orchestra sous la baguette de György Vashegyi) et Zoroastre de Rameau (version de 1749 menée par Alexis Kossenko), l’Iphigénie en Aulide de Gluck sonnera sous la baguette de Julien Chauvin.

Quatre saisons après sa programmation Bach, le pianiste David Fray bénéficiera, lui, d’une nouvelle « carte blanche », cette fois dédiée à Schubert : trois soirées dont une en dialogue avec le baryton Peter Mattei le temps d’un Winterreise et une autre en duo avec le violon de Renaud Capuçon.

Kiev plutôt que Gergiev

Port d’attache parisien du Philharmonique de Rotterdam, le TCE recevra bien l’orchestre néerlandais mais sans Valery Gergiev, soutien de Vladimir Poutine avec lequel la phalange a rompu ses liens en raison de l’agression militaire russe en Ukraine. Exit aussi le Ballet du Stanislavski, qu’a quitté Laurent Hilaire, tandis que celui de l’Opéra national de Kiev sera invité lors des fêtes de fin d’année pour dix-sept représentations de Casse-Noisette. Fort heureusement, Michel Franck n’a pas annulé sa programmation Rachmaninov, alors que 2023 marquera les 150 ans de la naissance et les 80 ans de la mort en exil du compositeur. Nikolaï Lugansky donnera l’intégrale de ses pièces pour piano et Renée Fleming une sélection de ses mélodies, accompagnée par Evgeny Kissin.

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