Lors de l’ouverture de l’édition 2023 du Festival Puccini à Torre del Lago (Toscane), le chef d’orchestre Alberto Veronesi a dirigé une représentation de La Bohème les yeux bandés pour protester contre la mise en scène qui replaçait l’action de l’opéra en mai 1968. Un geste « politique » peu apprécié par le public.
Chaque année depuis le milieu des années 50, se tient en Toscane le Festival Puccini, précisément à Torre del Lago, là où Giacomo Puccini avait acquis la résidence dans laquelle il vécut durant la plus grande partie de sa vie. Cette année, le 14 juillet, pour l’ouverture de la 69ème édition du Festival, était programmée une représentation de La Bohème.
Pour l’occasion c’est la version de Christophe Gayral qui a été proposée. Le metteur en scène français qui a replacé l’action, initialement supposée se passer dans le Paris du début du XIXème siècle, dans le Paris de mai 68, au moment des grandes manifestations estudiantines. Une version qui n’a pas été du goût du chef d’orchestre Alberto Veronesi qui a dirigé tout le concert avec bandeau noir sur les yeux.
Alberto Veronesi est un soutien de la Première ministre Giorgia Meloni
Pour justifier son geste, le maestro italien a déclaré que se bander les yeux lui permettait de se concentrer sur la musique mais de ne « pas voir ces scènes ». Une attitude que le public n’a pas apprécié. La prestation d’Alberto Veronesi a été sifflée, huée et des noms d’oiseau tels que « Buffone » (Clown) ou « Scemo » (imbécile) ont retenti dans la salle du Gran Teatro.
On peut se demander s’il n’y a pas une arrière-pensée politique derrière cette mise en scène. En effet, selon le site spécialisé Scherzo, quelques jours avant le début du festival, le sous-secrétaire à la Culture du gouvernement italien avait demandé au chef d’orchestre qui figurait sur la liste électorale de Giorgia Meloni lors des dernières élections régionales, de renoncer à cette prestation estimant que cette mise en scène trahissait « la vision et l’esprit de Puccini ».
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Dans un communiqué, Christophe Gayral, le metteur en scène français mis en cause, a tenu à préciser : « Mon intention n’a jamais été de faire référence à un quelconque cadre politique en place aujourd’hui en Italie (…) Comme de très nombreux metteurs en scène le font de nos jours, j’ai voulu lire et éclairer l’oeuvre de manière moderne dans un cadre contemporain, à une époque pleine d’artistes et de bohémiens en quête de nouveaux idéaux comme on en trouve dans l’oeuvre de Puccini et dans le roman de Murger ».
Philippe Gault