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Un plateau de stars

Baden-Baden
Festpielhaus
02/18/2012 -  et 22, 25 février 2012
Richard Strauss : Ariadne auf Naxos, opus 60

Renée Fleming (Primadonna/Ariadne), Jane Archibald (Zerbinetta), Sophie Koch (Der Komponist), Robert Dean Smith (Der Tenor/Bacchus), René Kollo (Der Haushofmeister), Eike Wilm Schulte (Ein Musiklehrer), Christian Baumgärtel (Ein Tanzmeister), Nikolay Borchev (Harlekin), Kenneth Roberson (Scaramuccio), Steven Humes (Truffaldin), Kevin Conners (Brighella), Christina Landshamer (Najade), Rachel Frenkel (Dryade), Lenneke Ruiten (Echo), Michael Ventow (Ein Offizier), David Jerusalem (Ein Perückenmachen), Roman Grübner (Ein Lakai)
Sächsische Staatskapelle Dresden, Christian Thielemann (direction musicale)
Philippe Arlaud (mise en scène, décors et lumière), Felix Kirchhofer (lumières), Andrea Uhmann (costumes), Anne-Marie Gros (chorégraphie)


L’affiche était très alléchante et nous avait donné la force de passer outre les multiples étapes de ce qu’il convient d’appeler une véritable expédition ferroviaire, afin de rejoindre le Festspielhaus de Baden-Baden, sis dans l’ancienne gare de la cité de bains. A commencer par l’Ariadne de Renée Fleming, rôle jusque là apparemment absent du répertoire de la soprano américaine. Si les interventions de la Primadonna se cantonnent à une relative anecdoticité, le lyrisme généreux d’Ariadne est généreusement accueilli par la célèbre voix double-crème, pour reprendre les mots de feu maître Solti, d’autant que la diva a retrouvé l’épaisseur et la saveur reconnaissables de son instrument, un temps altéré. A défaut d’une incarnation bouleversante, on se délectera de la richesse des harmoniques. Véritable primadonna du Prologue, Sophie Koch, Compositeur de référence depuis de nombreuses années, délivre ce soir une interprétation d’anthologie. Affublée d’une coiffure qui la fait ressembler à Benoît Duteurtre jeune, l’éclat de la voix ne subit aucune faiblesse tout au long de la tessiture, et se tire des redoutables difficultés du rôle avec une insolence époustouflante, reléguant loin dans notre mémoire les passages où l’émission connaissait çà et là quelque assourdissement.


Souvent tenu pour inchantable – Strauss était réputé ne pas aimer la voix de ténor, et se serait donc vengé plus d’une fois dans ses partitions – le personnage de Bacchus trouve en Robert Dean Smith un interprète fort honnête. S’il pourrait prodiguer un peu plus de nuances, on ne peut que saluer une performance équilibrée qui évite tout forçage, et fait pardonner la faillite sur l’ultime réplique – mais force est de reconnaître qu’elle constitue une sortie impitoyable. Saluée sur la scène de la Bastille lors de précédentes saisons, Jane Archibald, remplaçant Diana Damrau initialement prévue, se contente ce soir d’une performance convenable, mais à l’impact théâtral plutôt réservé. Du reste du plateau, on relève l’amour des gloires au déclin qui semble caractériser le public germanique: à l’issue d’une carrière wagnérienne remarquable, René Kollo joue un Haushofmeister de grande classe.


La scénographie de Philippe Arlaud n’autorise guère les extravagances de la production de Laurent Pelly. Après un Prologue de panneaux blancs esthétisants reproduisant d’immenses coulisses, l’inspiration se perd dans une abstraction baignée de lumière bleutée, écrin chic sans nul doute pour le plateau de luxe de la soirée, mais support bien chiche pour l’inventivité du livret de Hofmannsthal. Un spectacle de décorateur en somme. A la tête de l’Orchestre de la Staatskapelle de Dresde, Christian Thielemann ménage constamment les chanteurs, dans une lecture au diapason de l’élégance des lieux. On se prend à songer au supplément d’âme qu’y insufflerait un Philippe Jordan, et on regrette de n’avoir pu applaudir à Paris une distribution ainsi prestigieuse, nous épargnant l’indécente désinvolture de l’accueil du festival badois.



Gilles Charlassier

 

 

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