Traviata, succès garanti
Pas besoin d’attendre le bicentenaire de 2013 pour monter "La Traviata" et, surtout, pour remplir les salles avec l’indémodable chef-d’œuvre de Verdi. La Monnaie le donnera en décembre avec une nouvelle production d’Andrea Breth, et l’Opéra de Liège l’affiche actuellement, en reprenant au Palais Opéra la production créée en mars 2009 au Théâtre royal par Stefano Mazzonis.
- Publié le 26-04-2012 à 04h15
Pas besoin d’attendre le bicentenaire de 2013 pour monter "La Traviata" et, surtout, pour remplir les salles avec l’indémodable chef-d’œuvre de Verdi. La Monnaie le donnera en décembre avec une nouvelle production d’Andrea Breth, et l’Opéra de Liège l’affiche actuellement, en reprenant au Palais Opéra la production créée en mars 2009 au Théâtre royal par Stefano Mazzonis.
Deux chanteuses alternent dans le rôle-titre. La Française Annick Massis, habituée de la scène liégeoise et de nombre de scènes internationales, est une tête d’affiche assurément attirante, mais on aurait tort de négliger Sabina Puértolas : cette jeune soprano espagnole, déjà remarquée aux côtés de Placido Domingo, incarne une Violetta séduisante, avec le juste mélange de fraîcheur et maturité qui sied au rôle, mais aussi avec une solidité vocale qui lui permet de triompher du rôle tout au long des trois actes.
Si elle force un peu le côté mondain ce début de soirée, elle arrive assez vite à trouver la juste expressivité. Xavier Cortes chante Alfredo avec prestance et puissance, mais le timbre n’est pas le plus séduisant et, surtout, le personnage est campé de façon un peu superficielle. Comme en 2009, Giovanni Meoni incarne brillamment un Germont dominant et antipathique à souhait, mais qu’on eût aimé plus subtil et moins monolithique.
C’est aussi que, globalement, la direction d’acteurs laisse à désirer. On retrouve avec plaisir la mise en scène de Stefano Mazzonis, d’un classicisme de bon aloi teinté de quelques touches de modernité : les costumes de la styliste flamande Kaat Tilley, les coiffures un peu excentriques des choristes ou les décors d’Edoardo Sanchi qui, avec leurs couleurs criardes et leurs trous de serrures géants, soulignent bien l’univers décadent de Violetta. On aime toujours l’idée des trois lits de la dévoyée : celui du premier acte, immense, théâtre de débauche collective, celui du deuxième acte, de dimensions normales, lieu du bonheur de Violetta et Alfredo, et celui du troisième, trop petit, dans lequel Violetta ne peut que mourir en se recroquevillant. Mais on aurait attendu du directeur Mazzonis qu’il exige du metteur en scène Mazzonis d’aller plus loin encore, de supprimer ce qui était trop prosaïque (le plateau petit déjeuner et les pantoufles d’Alfredo, la banalité des évolutions des invités du premier acte) et d’affiner les contours de ses personnages scène par scène.
Mais ce qu’on regrette surtout, c’est le remplacement dans la fosse de l’excellent Paolo Arrivabeni (qui avait dirigé le spectacle en 2009) par un Luciano Acocella beaucoup trop prosaïque. La baguette du chef italien se révèle au mieux placide, mais parfois même pesante, et on cherche en vain la grâce et, au troisième acte, l’émotion diaphane de la partition orchestrale. Et il y a même quelques décalages entre chœurs et fosse au premier acte, sans apparemment qu’on puisse en blâmer les troupes de l’ORW.
A Liège, Théâtre royal, jusqu’au 8 mai. Infos : www.operaliege.be
En direct sur www.dailymotion.com le 26 avril à 20h.