About us / Contact

The Classical Music Network

Antwerp

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Une Elektra de plus

Antwerp
Opera Vlaanderen
09/12/2014 -  et 14, 16, 18, 19 septembre (Antwerp), 27, 28*, 30 septembre, 1er, 3 octobre (Gent) 2014
Richard Strauss: Elektra, opus 58
Iréne Theorin/Caroline Whisnant* (Elektra), Renée Morloc (Klytämnestra), Ausrine Stundyte/Liene Kinca* (Chrysothemis), Károly Szemerédy (Orest), Michael Laurenz (Aegisth), Thierry Vallier (Der Pfleger des Orest), Chia-Fen Wu (Die Vertraute), Bea Desmet (Die Schleppträgerin, Vierte Magd), Adam Smith (Ein junger Diener), Thomas Mürk (Ein alter Diener), Christa Biesemans (Die Aufseherin), Birgit Langenhuysen (Erste Magd), Lies Vandewege (Zweite Magd), Joelle Charlier (Dritte Magd), Aylin Sezer (Fünfte Magd)
Koor Opera Vlaanderen, Jan Schweiger (chef du chœur), Symfonisch Orkest Opera Vlaanderen, Dmitri Jurowski (direction)
David Bösch (mise en scène), Maria Wolgast, Patrick Bannwart (décor), Meentje Nielsen (costumes), Michael Bauer (lumières)


(© Annemie Augustijns)


La réussite d’une Elektra se mesure-t-il à l’hystérie des protagonistes et à la quantité de sang versé ? Non, mais, sur ce point, la mise en scène caricaturale avec laquelle Opera Vlaanderen débute sa saison atteint un score élevé. La production représentée l’année passée au festival d’Aix-en-Provence et publiée en DVD témoigne de la pertinence de la réflexion de Patrice Chéreau et de la subtilité de son théâtre, avec, pour résultat, une approche renouvelée d’Elektra, d’une profondeur et d’une limpidité exemplaires. En comparaison, le travail de David Bösch ne va pas bien loin.


L’action se déroule au fond d’une citerne contenant la chambre d’enfant d’Elektra – un lit, un cheval à bascule, des petites chaises, des jouets. La fille d’Agamemnon et de Clytemnestre ressemble à une enfant refusant de grandir, vulgaire, grassement – donc mal – nourrie et aux manières indélicates. La mère, aussi répugnante que sa progéniture, ne vaut guère mieux : arborant une coiffure rasta, elle se nourrit par intraveineuse du sang de bestiaux suspendus dans l’air. A l’exception de Chrysothémis, qui apporte un peu d’humanité grâce à sa fraicheur, les personnages ne suscitent décidément aucune compassion. A la fin, le sang s’écoule sur la paroi du fond, comme dans Parsifal l’année dernière, d’ailleurs, et Oreste se suicide devant ses sœurs en se taillant les veines – une boucherie. Le spectacle, quand il ne suscite pas la consternation ou l’ennui, parvient à provoquer le rire, ou du moins le sourire, lorsqu’Elektra empoigne une tronçonneuse qu’elle abandonne ensuite parce qu’elle ne parvient pas à la démarrer.


Les chanteurs s’investissent autant qu’ils le peuvent mais le jeu d’acteurs, sans originalité, frôle le cabotinage. Egisthe, par exemple, ressemble à l’Hérode de Salomé, en plus excité encore. Le rôle-titre revient à Caroline Whisnant : une bête de scène, comme Renée Morloc en Clytemnestre, et une chanteuse aux ressources considérables. La soprano américaine possède toutefois un timbre quelconque et délivre des aigus plutôt durs. Renée Morloc partage à peu de choses près les mêmes qualités et les mêmes limites que sa partenaire. Leur confrontation convainc modérément, moins, toutefois, sur le plan théâtral que vocal. Liene Kinca, qui soigne mieux son chant, campe une Chrysothémis tout à fait normale, propre sur elle, sauf que le metteur en scène n’a pas pu s’empêcher de lui demander de se barbouiller de sang à la fin – dans ce monde de fous, ses apparitions constituent un véritable soulagement. Károly Szemerédy, quant à lui, interprète correctement le personnage d’Oreste, avec sa part de mystère, mais sans lui conférer beaucoup de profondeur. Les retrouvailles avec Elektra suscitent toutefois un peu d’émotion. L’orchestre tient bon une heure trois quarts durant en affichant son niveau de jeu habituel. Dmitri Jurowski maintient la tension constante et dose la puissance afin de garantir un équilibre satisfaisant entre la fosse et le plateau. Le directeur musical marque franchement les contrastes et règle la mise en place avec suffisamment de netteté, de nuances et de transparence.


Le spectacle ne restera donc pas gravé dans les mémoires. Pourvu qu’il en sera autrement de la prochaine production : La Khovanchtchina, du 31 octobre au 8 novembre à Anvers, puis du 26 novembre au 2 décembre à Gand, dans une mise en scène de David Alden et sous la direction de Dmitri Jurowski.


Le site de l’Opéra de Flandre



Sébastien Foucart

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com