About us / Contact

The Classical Music Network

Lille

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Un autre Castor et Pollux

Lille
Opéra
10/17/2014 -  et 26, 28, 30 septembre, 2, 4 (Dijon), 19*, 21, 23, 25 (Lille) octobre 2014
Jean-Philippe Rameau: Castor et Pollux (version de 1754)
Pascal Charbonneau (Castor), Henk Neven (Pollux), Emmanuelle de Negri (Télaïre), Gaëlle Arquez (Phébé), Frédéric Caton (Jupiter), Erwin Aros (Mercure), Geoffroy Buffière (Le Grand Prêtre), Vladimir Hugot (Lyncée)
Le Concert d’Astrée, Emmanuelle Haïm (direction)
Barrie Kosky (mise en scène), Katrin Lea Tag (scénographie, costumes), Franck Evin (lumières)


(© Alastair Muir)


En même temps que le Théâtre des Champs-Elysées propose une nouvelle production de Castor et Pollux (voir ici), l’Opéra de Lille en représente une plus ancienne, créée en 2011 à l’English National Opera, reprise en mai au Komische Oper de Berlin puis en septembre à l’Auditorium de Dijon. La France se rappelle le deux cent cinquantième anniversaire de la mort de Rameau mais oublie celle de Magnard, survenue il y a cent ans cette année : cela prouve au moins que la musique baroque a de beaux jours devant elle.


La sobriété de la scénographie invite à se concentrer sur le théâtre : des parois en bois et un monticule de terre, imposant dans la première partie, réduit dans la seconde, constitue un écrin débarrassé de l’accessoire pour la mise en scène de Barrie Kosky. Ce dernier propose une interprétation moderne et cohérente de cette tragédie lyrique. Pensé en profondeur, le concept s’impose avec évidence, mais il risque de laisser certains spectateurs sur le bord du chemin, ne serait-ce que parce que le jeu scénique n’est pas exempt de trivialité, voire de vulgarité. Le mouvement des corps et les déplacements sur la scène, particulièrement recherchés, suscitent toutefois l’intérêt. Calquant son impulsion sur celle de la musique, la mise en scène du directeur du Komische Oper, à la fois charnelle, éloquente et évocatrice, comporte de la violence, de la tendresse et de la poésie – du coup le livret Pierre-Joseph Bernard en paraît même consistant.


Emmanuelle Haïm reste fidèle à sa gestuelle, souple et ferme à la fois, et à une manière de diriger stimulante. Elle souligne les contrastes sans les accuser, conférant par ce biais beaucoup de relief et d’attrait à cette musique dont elle restitue la pulsation sans que l’intensité ne décline. Irréprochable, l’orchestre du Concert d’Astrée met en valeur la beauté de l’orchestration de Rameau et la complexité de son harmonie. La distribution vocale procure un peu moins de satisfaction. Pascal Charbonneau et Henk Neven incarnent respectivement Castor et Pollux sans convaincre entièrement : le ténor canadien, qui possède un timbre désagréable, prononce mal le français et chante le plus souvent de façon affectée et confuse mais le baryton hollandais livre un chant mieux tenu et plus séduisant.


Emmanuelle de Negri, qui a interprété Télaïre avec déjà beaucoup de délicatesse et de nuances à Montpellier cet été, affiche un fort tempérament et une excellente maitrise des affects, qualités que la soprano partage avec Gaëlle Arquez qui incarne quant à elle Phébé. Outre une voix puissante et vibrante, la mezzo-soprano possède une plastique extrêmement avantageuse, ce qui lui assure, grâce de surcroit à un considérable talent d’acteur, une présence ardente. Erwin Aros, Geoffroy Buffière et Vladimir Hugot marquent moins leur rôle de leur empreinte, vocalement du moins, mais Frédéric Caton, qui complète la distribution avec mérite, interprète un Jupiter d’une grande droiture. Le chœur du Concert d’Astrée livre pour sa part une prestation aussi persuasive que celle de l’orchestre.



Sébastien Foucart

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com