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Critique

A l'Opéra-Comique, la vie parisienne de Johann Strauss

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Par Philippe Venturini

Publié le 23 déc. 2014 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

En présentant « La Chauve-Souris » en VF, l'équipe réunie à l'Opéra-Comique n'a pas seulement remplacé la langue, elle a déplacé les repères. Pascal PaulHarang, auteur d'une brillante traduction, et Ivan Alexandre, le metteur en scène, ont beau assurer que l'action se situe à Vienne, il est difficile de ne pas voir Paris. Quitter le Theater an der Wien, où l'opérette fut créée en 1874 pour les grands boulevards n'a rien d'incongru. Le sujet est inspiré d'une pièce de Meilhac et Halévy, librettistes d'Offenbach et de Bizet. Et un buste du roi de la valse se dresse sur le boulevard Saint-Martin, dans le quartier des théâtres...

Ivan Alexandre prévient que « cette Vienne sera [...] aussi abstraite que le seraient Berlin ou Paris ». Il n'y a donc aucun élément du décor qui permette une quelconque localisation dans cette transposition contemporaine. Le vaste séjour des Eisenstein, la grande salle d'apparat du prince Orlofsky et la prison affichent un anonymat mondialisé. Les dialogues parlés orientent en revanche le spectacle vers le boulevard autant par ses allusions, discrètes, à l'actualité que par le jeu des acteurs et chanteurs. Frosch, le gardien de prison, interprété par Atmen Kelif évoque ainsi la suppression de la subvention de la ville de Grenoble à l'orchestre actif dans la fosse et la gouaille parigote d'Adele, la femme de chambre des Eisenstein, rappelle Arletty. La musique, elle, reste irrésistiblement viennoise, oscillant entre l'effervescence du champagne et le vague à l'âme du dégrisement comme le rappellent la direction de Marc Minkowski et la conviction de ses Musiciens du Louvre.

Remarquable Sabine Devieihle

La distribution est à l'avenant. Chanteuse aussi virtuose que comédienne douée, la soprano Sabine Devieilhe est une Adele irrésistible. Stéphane Degout incarne avec sa noblesse coutumière Gabriel von Eisenstein, ce mari volage qui compte bien s'amuser avant d'aller en prison. Chiara Skerath manque un peu d'ampleur pour le rôle de Rosalinde, épouse de Gabriel, courtisée par le ténor Alfred, impeccable Philippe Talbot. L'idée de présenter le prince Orlofsky en Asiatique décadent est séduisante, mais le contre-ténor Kangmin Justin Kim n'est pas à la hauteur. On salue la verve comique de Franck Leguérinel (Franck, le directeur de la prison) et la composition très habile du jeune baryton Florian Sempey, inquiétant Falke, l'ami d'Eisenstein à qui il veut faire payer une humiliation passée.

Philippe Venturini

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